lundi 12 avril 2010

Lettre pour les conservateurs

L'ENGAGÉ S'EST PERMIS D'ÉCRIRE AU PREMIER MINISTRE (ET À DEUX DÉPUTÉS) POUR L'INFORMER DES CRITIQUES QU'IL AVAIT À FORMULER À L'ENCONTRE DE L'ÉTHIQUE DE BLOGUEUR DE MAXIME BERNIER.

Madame, Messieurs,

Je vous écris parce que je suis profondément inquiet de l'attitude du gouvernement quant aux enjeux de la transparence et de l'accessibilité des informations au pays. Les relations voire le mépris que vous semblez entretenir avec les journalistes sont préjudiciables à la santé de notre démocratie, vous balayez du revers de la main toute critique, aussi constructive qu'elle puisse être.

Ainsi, pour vous donner un exemple, j'ai appris que le ministre responsable du budget proposait de diminuer les impôts des entreprises coute que coute, même s'il faut pour cela creuser un déficit. Il me semble que c'est une attitude dogmatique qui mérite d'être explicitée, débattue. Il ne sert à rien de réduire les impôts s'il faut pour cela refiler la facture des intérêts aux particuliers. C'est à ce compte une subvention indirecte, nous serions, comme contribuable en droit de savoir à quelles entreprises lesdites subventions devraient échoir si de nouvelles subventions voyaient le jour, nous nous questionnerons sur les règles d'attribution, les journalistes qui vous ont posé des questions, quand ils ont pu le faire, ont eu droit au même refrain... Tout cela pour dire que vos actions doivent être expliquées, critiquées, mais vous refusez de vous livrer à cet exercice, les journalistes ne sont pas non plus des sténographes, alors vous ne pouvez mettre sur leur dos les problèmes de perception que vous rencontrez. Vous êtes en somme responsables de la dégradation de cette relation avec les médias. Votre tendance au contrôle, voire à la censure empêche le citoyen d'avoir accès aux informations d'intérêt public et de prendre part au débat.

Je dois vous dire que même les blogues sont soumis au même contrôle strict, mais en censurant ceux-ci, ce sont les citoyens que vous brimez directement. Voilà par exemple qu'un commentaire très pertinent (et bien d'autres) a été supprimé du blogue de Maxime Bernier, alors qu'il n'était nullement partisan. Le WEB devrait être le forum d'une certaine liberté d'expression, le commentaire en question n'était pas diffamatoire, il était critique. En le supprimant, Maxime Bernier montre qu'il est atteint de la même obsession que le gouvernement, sauf qu'il le fait non plus en attaquant les médias, mais en muselant maintenant directement le citoyen. Comprenez-moi bien, un blogueur peut parfaitement supprimer les commentaires qu'il veut sur son blogue, mais un député fédéral est assujetti à une éthique différente. Entretenir un blogue, dans ce contexte revient à émettre un discours sur la démocratie et sur la liberté de circulation de l'information.

Que Maxime Bernier ait un blogue, mais qu'il convienne aux règles tacites d'Internet. S'il n'en est pas capable, ou si les directives sont trop contraignantes, qu'il le ferme, tout simplement, mais il joue un drôle de jeu s'il continue à utiliser ce médium en se soumettant à des intérêts peut-être contradictoires : la liberté du WEB et la volonté de son gouvernement. En continuant à jouer à l'équilibriste entre les deux, Monsieur Bernier continue à ternir l'image d'un gouvernement trop obsédé par le contrôle de l'information.

L'Engagé

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