mardi 20 avril 2010

Bernier l'arrogant


L'engagé est plutôt fier d'avoir tiré l'alarme sur Bernier bien avant Le Devoir! Voici en primeur notre réaction lorsque nous avons découvert sa présentation au Mont Saint-Grégoire


Voici la réponse que notre «cher» Maxime n'a pas osé publier sur son blogue...

Monsieur Bernier,

Votre raisonnement repose sur une vision malheureusement superficielle de la situation constitutionnelle et fiscale du Canada. Comme Québécois, vous n'avez pas non plus à cautionner la vision canadienne d'un Québec bébé-gâté : un homme politique représentant de la province, a le mandat de déconstruire cette perception en pointant les mécanismes qui sont responsables de la perte d'autonomie des Québécois DANS L'ASSUJETTISSEMENT MINORITAIRE PERMANENT dans la grande majorité du Canada anglais et c'est en somme un devoir que de voir et d'exposer les effets pervers de cette situation.

Si vous ne les connaissez pas, je vous invite à écouter ce discours historique d'un fédéraliste convaincu : Bourassa.

Pour se protéger, pour s'épanouir, pour se développer, le Québec a besoin d'institutions, de structures, de lois, d'administrations différentes du reste du Canada. C'est une nation différente de la nation canadienne, une société distincte. Nous devons donc financer des programmes qui correspondent à nos aspirations propres tout en contribuant au reste du Canada. Ces charges fiscales alourdies rejoignent d'autant plus les dédoublements administratifs qu'ils plombent effectivement la marge de manoeuvre du gouvernement provincial. Cette situation n'est donc pas causée par l'incapacité ou le manque de compétitivité du Québec, mais bien par l'inadéquation du fédéral, la lourdeur et l'incompétence de son administration.

Dans tous vos discours, vous oubliez qu'une part importante des recettes du gouvernement fédéral provient du Québec, 45, 7 milliards en 2007 pour être précis (source Tableau 7
Recettes et dépenses de l'administration fédérale, Québec ), mais je tiens à vous rappeler que le gouvernement fédéral gère des POUVOIRS MINEURS si on les compare AUX GRANDES CHARGES ET RESPONSABILITÉS DU PROVINCIAL que sont SANTÉ, ÉDUCATION ET affaires municipales et travaux publics. À titre d'exemple, Québec gère l'éducation (incluant sport et loisirs) et la santé (familles et services sociaux) et les charges de ces deux programmes coutent (budget 2009-2010) 41 milliards, alors que l'ensemble de tous les autres programmes et ministères réunis coute moins de 18 milliards à la province.

La péréquation, elle, est une mesure de la constitution de 82 qui répond aux prérogatives de l'égalité des chances partout au pays, doit-on vous rappeler que le Québec n'a pas signé cette constitution? Au lieu que le Québec finance des structures couteuses des ministères et des administrations fédérales et tout en gérant ses propres programmes, il pourrait se contenter de simplement récupérer les compétences fédérales et prendre, de manière autonome le financement qui doit l'accompagner, en le prélevant à la source, sans le doublon du fédéral. Cette autonomie peut se faire dans le giron de l'union canadienne ou en tant que pays indépendant, mais vous devez admettre le FÉDÉRAL EST TROP COUTEUX. Voilà l'essence de ce fameux «what does Quebec wants»

Ce fédéral est sans doute la meilleure façon pour les Anglo-saxons (et les immigrants qui veulent se greffer à eux) du Canada d'administrer le pays, mais ce n'est pas le type d'administration qui correspond aux besoins des Québécois, pour des raisons, culturelles, linguistiques, philosophiques, environnementales ou simplement politiques: que nous le voulions ou non, nous sommes une minorité et comme Maurice Séguin l'a dit, «Vivre c'est agir» et sans autonomie, une minorité circonscrite par un système politique favorable à la majorité ne peut s'épanouir, elle est constamment menacée, LES NATIONS NE SE FONT PAS DE CADEAUX ENTRE ELLES, ET C'EST NATUREL. En tant que collectivités différentes, Québécois francophones et Canadiens anglophones ont des intérêts et des besoins différents, il est normal qu'ils cherchent les moyens de les satisfaire. La proposition de Monsieur Bernier d'une autonomie économique du Québec sans l'autonomie politique qui lui est corollaire est farfelue, nous devons disposer des leviers que seule une «majorité» est capable d'opérer. Même en envoyant plus de conservateurs (ou de libéraux) au pouvoir, le Québec serait quand même en situation de représentation minoritaire : nous ne sommes que 1 province sur 10, 20% de la population, nous n'avons pas le poids politique pour contraindre le Canada à faire les réformes qui nous seraient favorables. De toute façon, de meilleures circonstances ont indubitablement démontré que le ROC n'y consentirait pas.

J'ai dit que le fédéral était couteux, regardons de plus près : ses dépenses directes pour des programmes de compétences fédérales dépassent les 7 % du PIB (budget de 2009-2010) soit 112 milliards! Le Québec comptant pour 20% de la population, on peut estimer que c'est entre 15 et 20 milliards qui sont financés directement par la population québécoise pour des administrations et des ministères fédéraux, on ON PARLE D'UN BOUQUET DE COMPÉTENCES MINEURES (lesquelles sont mêmes sources de revenues comme l'administration des douanes et des postes) alors que Québec gère à lui seul l'éducation (chiffre de 2009-2010) avec 14,4 milliards ET TOUS LES AUTRES MINISTÈRES EXCLAUNT L'ÉDUCATION ET LA SANTÉ POUR LA MODIQUE SOMME DE 18 MILLIARDS!

Ne venez donc pas nous faire la leçon avec les 8 milliards de péréquation, lisez plutôt cet analyse tirée de L'Actualité (texte de J-F Lisée) :
«Depuis 40 ans, les Québécois ont investi collectivement, par leurs taxes et impôts fédéraux, 14 milliards de dollars dans l’industrie canadienne des hydrocarbures.

Nous avons vu hier que l’augmentation de la production pétrolière pousse à la hausse le dollar canadien et que, selon un groupe d’économistes, ce phénomène est responsable de la destruction de 55 000 emplois manufacturiers québécois entre 2002 et 2007. Et ça ne fait que commencer. Or voici comment le Québec a financé ce cercle vicieux:

Selon un calcul de la Bibliothèque du Parlement à Ottawa, de 1970 à 2000, le gouvernement canadien a investi 66 milliards de dollars dans l’industrie pétrolière et gazière canadienne. De 2000 à aujourd’hui, il faut compter au moins 4 milliards de plus, pour un total de 70. Comme le Québec contribue pour 20% aux dépenses fédérales, nous avons donc déboursé 14 milliards en quarante ans dans l’industrie de nos voisins. Une fraction de cette somme nous est revenue, dans les années 73 à 84, en réduction du prix à la pompe. Mais si nous avions investi cette somme au Québec – au hasard, dans les énergies vertes – nous aurions pu créer, chez nous, 8 300 emplois permanents (j’utilise la formule employée par la Canada West Foundation pour calculer les retombées économiques du pétrole). Et c’est donc dire que nos impôts ont créé ces emplois, mais ailleurs au Canada.

On m’objectera que je ne donne qu’une partie du portrait, car s’il est vrai qu’Ottawa a beaucoup aidé les hydrocarbures, il l’a fait aussi pour les autres énergies. Il a mis 8,5 milliards dans le nucléaire, dont 1,7 provenait du Québec, et qu’il a presque exclusivement dépensé en Ontario. Avec nos 1,7 milliards, nous aurions pu créer chez nous 1 125 autres emplois permanents. »


Et le gaspillage continue : Aujourd'hui, le lundi 10 avril, Manon Cornellier explique, dans Le Devoir, que Kevin Page, le directeur parlementaire du budget, peine à démêler les chiffres du plan de relance économique. Dans les frais de fonctionnement de 28 milliards vont en frais personnels et en salaire et un autre 26 milliards en «autres frais» qu'il voudra bien pourvoir analyser, MAIS VOTRE GOUVERNEMENT LUI REFUSE CE DROIT. IL EST IMPOSSIBLE D'EXAMINER LES RÉPARTITIONS DES DÉPENSES ET L'EFFICACITÉ DES MESURES ANNONCÉES, LES CITOYENS DE PEUVENT AVOIR L'HEURE JUSTE SUR L'ÉTAT DES FINANCES, PARCE QUE LE GOUVERNEMENT CONSERVATEUR FAIT DE L'OBSTRUCTION SYSTÉMATIQUE À CE SUJET ALORS QU'IL A ÉTÉ ÉLU EN PROMETTANT IMPUTABILITÉ ET TRANSPARENCE ET VOUS OSEZ, MAXIME BERNIER TAIRE CETTE IGNOMINIE?

-vous osez plutôt dire «Imaginez si, au lieu de débattre inutilement d’indépendance politique, on cherchait des façons de vivre selon nos moyens et de sortir de notre dépendance économique» sans savoir que l'un ne peut aller sans l'autre?
-«Il faut sortir de cette fausse alternative entre l’indépendance et le fédéralisme rentable. Il faut aussi arrêter de s’appauvrir et de s’attendre à ce que le reste du Canada vienne nous renflouer avec plus de péréquation.» Mais ne voyez-vous pas que c'est la structure politique et fiscale même du Canada qui contraint le Québec à recevoir de la péréquation?
-Avec l'appui du bloc pour redonner au Québec des compétences, le PC aurait assez de député pour précéder à la réforme que vous préconisez, ce n'est pas en ayant plus de députés du PC issus du Québec que cela sera possible, si le PC est assez ouvert à propose de la décentralisation, il n'a qu'à la commencer, mais si les autres députés sont aussi autonomistes que vous, qui refusez une quelconque affirmation politique, qui fait passer Bourassa pour un radical alors qu'il était résolument modéré, quels genres de changement obtiendrons-nous?

Comment osez-vous considérer le débat lié à l'indépendance nationale de futile? Rien ne nous empêche de mener plusieurs combats de front, vous pouvez être en désaccord, mais vous ne pouvez nier qu'il existe dans la fédération des forces qui tendent à restreindre l'épanouissement du Québec! La Sun Life qui déménage pour ne pas se franciser, la nuit des longs couteaux, le rapatriement de 82, l'échec de Meech, LE SCANDALE DES COMMANDITES, le déséquilibre fiscal et enfin les relations gouvernementales au point mort en ce moment dans les relations Québec-Ottawa, ce n'est pas des vétilles : votre gouvernement refuse d'indemniser le Québec au même titre que l'Ontario pour l'harmonisation de la TPS/TVQ, pour le verglas de 98 ALORS QUE LES QUÉBÉCOIS CONTRIBUENT AU FINANCEMENT DE L'ADMINISTRATION FÉDÉRALE.

Vous vous entêtez à nier qu'il existe un déséquilibre politique préjudiciable dans la fédération et vous pensez qu'en lançant la serviette, en embrassant le Canada de tout bord tout côté, que l'on se retrouvera précisément en situation de parité alors que nous sommes minoritaires? Ce n'est pas ça, se «prendre en mains».

Vous parlez de fierté et vous n'arrivez pas à voir dans les propos de Duceppe, la référence à Vadeboncoeur, savez-vous seulement de qui il s'agit? Avant de vous lancer en politique, avez-vous seulement lu Séguin? Vous citez l'Institut Fraser devant un public conquis sans prendre la peine de préciser l'agenda de cette organisation? Vous reprenez les chiffres alarmistes sur la dette sans les situer dans leur contexte, sans même lire Louis Gill, l'économiste, qui a exposé à toute l'intelligentsia le caractère frauduleux de la compagne de peur.

Ayez le courage de la vérité : si le Québec reçoit de la péréquation, s'il est en difficulté, c'est d'abord et avant tout parce qu'il doit payer entre 15 et 20 milliards pour des services et une administration fédérale inefficace qui gère des compétences outrageusement mineures pour les sommes astronomiques qu'elles nous coutent, sans parler des dédoublements et des salaires qui plombent les finances fédérales et ces dernières de fournir les transferts à la hauteur besoins des compétences essentielles que gèrent les provinces. Si le Canada anglais s'accommode, lui, de cette administration, c'est que les services sont plus axés sur la satisfaction de sa population, majoritaire, ce qui est normal, mais ce qui force Québec d'offrir des services distincts, précisément pour la même raison.

Comme député fédéral, commencez à promouvoir un véritable ménage de ce côté-là, la couteuse administration fédérale et les programmes éléphantesques avant de faire la leçon à un modèle québécois qui au moins, défend le bien commun.

Vous avez parfaitement le droit de faire la promotion des idées qui sont les vôtres, mais la manière et les raisonnements sont si tronqués qu'ils témoignent de lacunes importantes de votre histoire et de votre culture en tant que Québécois, permettez qu'avec ce texte je les aie les mises en lumière afin d'avertir vos lecteurs que vos solutions sont loin d'être une panacée.

Vivre c'est agir

L'Engagé

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