vendredi 20 mars 2009

Célébrer (tristement) 6 ans d'incompétence

En avril, nous pourrons célébrer le sixième anniversaire de la mainmise de Jean Charest sur notre appareil d'État, un tel anniversaire est une bonne occasion pour exprimer nos doléances. J'aimerais inviter les citoyens, les familles, les entreprises, les associations communautaires, les syndicats et tutti quanti à procéder à un examen pénétrant du bilan de l'administration Charest. Pour ma part, je constate que la culture et l'idéologie du gouvernement sont imprégnées d'une foi aveugle en les vertus du laisser-faire économique, d'un à-plat-ventrisme devant les chambres de commerce, du Québec Inc et du désengagement de l'État qui lui est corollaire. J'estime que c'est ce qui est à l'origine d'une mauvaise interprétation du concept de développement durable et des dérives que ce galvaudage occasionne : Orford, Suroît, loi 9 imposant un moratoire sur la poursuite pour bruit des motoneiges, Port Méthanier Rabaska et finalement, la mascarade des audiences pour la construction d'un complexe sur la Romaine. Les torts remarqués par cette culture en écologie s'étendent à la gestion économique en général : on remarque par exemple l'aveuglement volontaire par rapport aux calculs de la péréquation, l'utilisation de transferts fédéraux pour financer des baisses d'impôts, imbroglio général par rapport à la réingénierie (certains ne l'ont pas oubliée), abus prévisibles et avérés des PPP : le gouffre de l'Ilot Voyageur et l'enrichissement de Busac en témoignent, l'ÉNORME perte de la Caisse de dépôts et placements et enfin l'incapacité de saisir l'opportunité d'augmenter l'assiette fiscale en récupérant la TPS que Harper avait diminuée. Le marasme économique actuel et les années de vaches maigres récemment annoncés sont les conséquences directes de la mutilation délibérée de la capacité financière du gouvernement et non simplement d'une sensibilité particulière du Québec à la crise financière mondiale.

Par ailleurs, en santé et en éducation, Charest fait preuve de la même paralysie : sa gestion provinciale à la petite semaine se traduit par un manque de vision qui engendre une augmentation faramineuse des couts. Aucune mesure pour atténuer le vieillissement de la population n'a véritablement été mise de l'avant, aucune révolution agroalimentaire et sportive n'est en vue et surtout aucun chantier de création d'infrastructures pour la pratique du sport et de l'entrainement en masse n'est à prévoir. Pourtant, tout expert en santé peut témoigner que la prévention coute infiniment moins cher que la maladie et la dégénérescence conséquente à une mauvaise hygiène de vie. Le gouvernement peut refuser de s'immiscer dans les habitudes de vie des citoyens, mais comme il ne se gêne pas pour fouiller dans leurs poches en cas de problème (en empruntant désormais pour que la ponction soit plus grosse par le biais des intérêts que s'il avait été directement chercher les sommes par le biais d'une fiscalité moins généreuse), le minimum consisterait à offrir des conditions pour remédier aux conséquences désastreuses de la sédentarité.

Ensuite, le CHUM, la capitulation par rapport aux urgences, l'incapacité à diminuer les délais en médecine spécialisée, la pénurie de médecins de famille, de candidats en médecine familiale, la situation désastreuse de l'UQAM, le pilotage houleux de la réforme et l'augmentation du décrochage scolaire sont symptomatiques de l'attentisme, du manque de vision et du désengagement général du rôle de l'État qu'a préconisé Charest. Il s'agit simplement de la pointe de l'iceberg des conséquences structurelles profondes des transformations qu'il a opérées au sein de notre gouvernement. Il a sabré dans les services et dans les ressources de la province en invoquant que l'argent était inutilement gaspillé à travers les diverses strates de l'administration publique sans comprendre que le privé ne pouvait faire mieux. En effet, la rapacité des gestionnaires et l'obligation de générer des profits tendent naturellement à diminuer la rétribution des travailleurs ou à générer une plus-value en diminuant la qualité des services. Charest voudrait que l'on brille parmi les meilleurs, alors qu'il ne se contente que de remuer médiocrement. Son populisme en matière d'infrastructures des transports, du manque de vision écologique et surtout des défusions municipales sont de bons prototypes de l'illustration de cette norme,

En dressant le sombre portrait du gouvernement, selon les divers secteurs, peut-être sera-t-il possible de fouetter notre premier ministre et l'inciter, pour la suite de son mandat, à réparer les pots cassés. Après tout, il faut être un véritable génie pour savoir être porté au pouvoir après deux mandats aussi catastrophiques, il faut également avoir des nerfs d'acier pour avoir piloté les élections avec la conscience du naufrage économique qui s'annonçait. Après avoir fait le cancre 6 ans durant, Monsieur Charest pourrait-il enfin redevenir le premier de classe qu'il a déjà été? Daignerait-il partager ses talents, assumer pleinement son rôle de chef dans la tradition coopérative de la société québécoise pour qu’elle livre elle aussi le meilleur d'elle-même ou entretiendra-t-il sa non moins fâcheuse tendance au népotisme, au clientélisme? Il a la chance de se racheter, la saisira-t-il? Mais pour cela, nous devrons être nombreux à l'y inciter : rien de tel qu'un avant-gout de l'héritage qu'il nous aura légué pour l'inciter enfin au véritable dévouement que nous sommes en droit d'attendre du meilleur d'entre nous.

Montréal, le 20 mars 2009

lundi 9 mars 2009

Sophisme hydroélectrique

Dans ces pages, Madame Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec, semble grandement contente que le BAPE ait approuvé le projet hydroélectrique de la Romaine. Plusieurs sophismes sont tapis dans l'expression de sa joie et il me semble pertinent de les relever. D'abord, elle stipule que ce projet est un baume pour la région et le Québec; tient, nos très actifs et très lucides entrepreneurs carburent au quickfix? Il me semble que comme nouveau souffle, c'est souscrire d'une façon très primaire aux principes d'un développement tous azimuts dont les faillites furent maintes fois démontrées : vendre une énergie québécoise au rabais et ouvrir du même coup un territoire pour un pillage de nos ressources, en dégradant notre environnement au passage, quelle vision d'avenir! Ensuite, Madame Bertrand fait l'économie d'une véritable démonstration des effets pernicieux de la production hydroélectrique, c'est pour elle une énergie propre, exit les conséquences de l'ennoiement de territoires, de la production brute de gaz à effets de serre qui en découle, de la contamination au méthylmercure, de la destruction des écosystèmes, de la perte de végétation justement susceptible de lutter contre l'effet de serre, et d'une grande perturbation de la biodiversité. Tous ces effets qui pourraient être évités si on développait des parcs éoliens à proximité des complexes déjà existants et que l'on se servait de ces derniers comme régulateur et qu'on couplait cette mesure à un plan d'envergure d'économie d'énergie, mais cette alternative, elle ne daigne pas en parler. Finalement, comme dernier sophisme, elle taxe d'oiseaux de malheur, ceux qui osent démontrer que les enjeux sont plus complexes, et qui n'ont d'autres choix que de défendre la Romaine au sud de la frontière, parce qu'ici, les horizons sont véritablement bouchés. Les opinions de notre PDG de la Fédération des chambres de commerce en sont d'ailleurs la plus plate représentation.


Le 9 mars 2009