dimanche 6 juin 2010

Normandeau ment!


Normandeau ment ou du moins elle joue tellement sur le sens des mots qu'elle induit en erreur la population.

«Dans le domaine du gaz, les gens se demandent si on cause préjudice aux nappes phréatiqueslorsqu'on fait un forage. La réponse est non. Est-ce que les substances auxquelles on a recours pour forer sont polluantes? La réponse est non»

Curieux, une recherche sommaire sur le très sérieux site Propublica, qui suit ce dossier de très près, révèle que la méthode de la «fracturation hydrique» utilisée pour soutirer les fameux gaz se sert d'un cocktail composé de produits chimiques «dont la recette est secrète».

Precise details about the nature and cause of the contamination, as well as the extent of the plume running in the aquifer beneath this region 150 miles east of Jackson Hole, have been difficult for scientists to collect. That’s in part because the identity of the chemicals used by the gas industry for drilling and fracturing are protected as trade secrets, and because the EPA, based on an exemption passed under the 2005 Energy Policy Act, does not have authority to investigate the fracturing process under the Safe Drinking Water Act. Using the Superfund program gave the agency extra authority to investigate the Pavillion reports, including the right to subpoena the secret information if it needs to. It also unlocked funding to pay for the research.
SOURCE : Abrahm Lustgarten, ProPublica - August 25, 2009 1:36 pm EDT
The process, which forces highly pressurized water, sand and chemicals into rock to release the gas and oil locked inside, gives drillers unprecedented access to deeply buried gas deposits and vastly increases the country's known energy reserves. But as ProPublica has detailed in more than 60 articles, the process comes with risks. The fluids used in hydraulic fracturing are laced with chemicals -- some of which are known carcinogens. And because the process is exempt from most federal oversight, it is overseen by state agencies that are spread thin and have widely varying regulations.
[...]

Two of the largest companies involved in natural gas drilling have acknowledged pumping hundreds of thousands of gallons of diesel-based fluids into the ground in the process of hydraulic fracturing , raising further concerns that existing state and federal regulations don't adequately protect drinking water from drilling.



SOURCE : Sabrina Shankman and Abrahm Lustgarten, ProPublica - February 19, 2010 11:33 am EDT



Je pense que c'est assez clair qu'on nous prend pour des valises...

samedi 5 juin 2010

Gaz de schiste , le pire danger serait-il Normandeau?



Cette phrase de Normandeau m'a fait bondir :
«Ce n'est pas vrai qu'une entreprise va s'installer sans avertissement avec sa foreuse, dit-elle. On travaille avec André Caillé pour s'assurer que les citoyens sont dans le coup, avec un nouveau code de conduite. On veut devenir la référence pour une exploitation respectueuse du gaz de schiste.»


Elle est déjà en train de dire que la ressource, on va l'exploiter, qu'est-ce qu'elle entend donc par «exploitation respectueuse», qu'on va vouvoyer les gens pendant qu'on va empoisonner leur eau? Que les huissiers qui vont porter les mises en demeure à l'encontre des opposants sauront conjuguer leurs menaces au subjonctif? Que Charest va sourire gentiment quand il va afficher un silence polit quand les liens qui l'unissent aux investisseurs commenceront à circuler? Qu'on va endormir les gens par la gauche pendant qu'on va les empoisonner de la droite?

L'excellent site Propublica a généré un dossier impressionnant sur les dangers de l'exploration gazière. Quelqu'un au Québec peut-il faire un résumé pour Madame Normandeau? La nappe phréatique, la santé publique seraient véritablement menacés par les techniques actuelles:

«Now an important part of that argument -- that most of the millions of gallons of toxic chemicals that drillers inject underground are removed for safe disposal, and are not permanently discarded inside the earth -- does not apply to drilling in many of the nation's booming new gas fields.

Three company spokesmen and a regulatory official said in separate interviews with ProPublica that as much as 85 percent of the fluids used during hydraulic fracturing is being left underground after wells are drilled in the Marcellus Shale, the massive gas deposit that stretches from New York to Tennessee.

That means that for each modern gas well drilled in the Marcellus and places like it, more than 3 million gallons of chemically tainted wastewater could be left in the ground forever. Drilling companies say that chemicals make up less than 1 percent of that fluid. But by volume, those chemicals alone still amount to 34,000 gallons in a typical well.»

Source : Abrahm Lustgarten, ProPublica - December 27, 2009 9:12 am EDT

Si elle était vraiment sérieuse pour que l'on devienne une référence, ce n'est pas à gérer des relations publiques avec Caillé qu'elle occuperait son temps, mais plutôt à la rédaction d'un moratoire intelligent. En refusant d'ailleurs d'inciter le public à participer à la rédaction de son projet de lois sur les mines, elle nous pousse à croire que ce sera encore de la poudre aux yeux pour que les tinamis s'approprient les richesses collective, mais ce coup-ci ils pourront nous rendre malades en même temps. L'exploitation du gaz de shiste pourra donc également favoriser l'établissement d'un système de santé privé? Pas bête le Tapis Libéral...

À lire absolument :

EPA: Chemicals Found in Wyo. Drinking Water Might Be From Fracking




mardi 1 juin 2010

Le parti libéral, la politique du tapis et ses acariens




Hier, Jean Charest, premier ministre du Québec et aspirant premier ministre du Canada aurait réussi un coup de maitre : il a recruté l'ex-adéquiste Simon-Pierre Diamond et en a fait son candidat libéral pour la prochaine élection partielle dans Vachon.

Comme vedette de son ancien parti -c'est quand même le citoyen ayant été le plus jeune élu de l'histoire du Québec- et transfuge (on parle d'un ex-directeur général de l'ADQ, ce n'est pas rien), il serait plus que pertinent de connaitre sa position constitutionnelle, sa vision du Québec. Après tout, sa jeunesse en fait un candidat potentiel pour qu'il ait un jour un ministère ou qu'il soit même, sait-on jamais, premier ministre du Québec.

Son C.V. est impressionnant, son parcours et son engagement scolaires aussi alors je me pose une question, où a-t-il trouvé le temps pour lire, se cultiver et connaitre la culture et l'histoire du Québec? Sciences humaines au Cégep de Maisonneuve et études en droit c'est bien, mais en temps que membre des cercles d'affaires et des chambres de commerce et surtout en tant que jeune politicien hyperactif, où a-t-il été cherché le savoir nécessaire pour alimenter sa pensée critique et se forger une véritable pensée politique, voire une vision de la société québécoise et des moyens pour la faire advenir?

Sa proximité des milieux d'affaires, à un si jeune âge a quelque chose d'inquiétant. N'est-ce pas l'expression d'un conformisme assez étrange qu'il ait été président d'assemblée pour le comité jeunesse du parti défusionniste Union Montréal? Ce genre de choix, contraire à l'activisme que l'on attend d'ordinaire chez les jeunes (il y a des causes environnementales et sociales pour lesquelles il aurait pu militer et qui sont bien plus au diapason avec les préoccupations de la génération dont est issu Monsieur Diamond) a malheureusement des relents d'opportunisme.

Il semble donc hautement nécessaire de l'interroger pour vérifier s'il est vraiment conscient du jeu auquel joue. Le jeune politicien prétend que le parti libéral a désormais un discours adéquiste. En effet, d'après le programme de l'ADQ, « [l]e Québec est aujourd’hui mûr pour une voie nouvelle qui lui permettra de s’épanouir et de satisfaire ses aspirations profondes à l’intérieur du Canada, dans un esprit de collaboration et de bonne entente. Cette voie nouvelle, c’est celle de l’autonomie politique, financière et économique du Québec.» Le même programme souligne que «[c]ontrairement à l’option fédéraliste, qui consiste à accepter le statu quo, et à l’option souverainiste, qui prône l’indépendance du Québec à tout prix, l’ADQ suggère que le Québec adopte une vision autonomiste, s’inscrivant dans la continuité du Rapport Allaire.»
Simon-Pierre Diamond réalise-t-il qu'il passe d'une vision passablement revendicatrice, celle qui prône une véritable réforme de la constitution canadienne, à une vision qui s'apparente à la politique du tapis?

La seule marge de manoeuvre qu'offre Charest est en effet cantonnée dans les ententes administratives qu'il arrive à négocier avec le fédéral. En refusant tout rapport de force fondé sur la légitime option de l'indépendance, en étant l'otage d'une frange d'électeurs qui ne seront jamais partisans d'une véritable réforme permettant aux francophones d'avoir précisément l'autonomie nécessaire à leur épanouissement, Charest a les mains liées et force ainsi le Québec à avaler les diverses couleuvres que lui impose Ottawa.

Ottawa veut abolir le registre des armes à feu, Ottawa refuse de nommer des juges bilingues à la Cour suprême, Ottawa veut faire une agence nationale de règlementation des valeurs mobilières, Ottawa autorise Terre-Neuve à creuser Old Harry en dépit des règles de sécurité et au mépris de la santé du Golf du Saint-Laurent et la Cour Suprême invalide des pans de la loi 101? Charest et le parti libéral ne peuvent rien y faire.

En définitive, il est incompréhensible qu'un jeune québécois francophone instruit ne réalise pas combien les Québécois francophones sont actuellement dans une impasse et plus que jamais menacés par la constitution canadienne, la disparité économique et surtout la démographie canadienne. S'il embrasse le parti libéral, c'est qu'il se moque fondamentalement du destin de ses compatriotes et qu'il préfère choisir une belle carrière.

Tant qu'il était adéquiste, sa position autonomiste pouvait paraitre farfelue, mais elle avait au moins le mérite d'un certain idéalisme. Simon-Pierre Diamond a choisi le navire libéral, un choix carriériste et individuel tout à fait légitime, mais il doit assumer le prix qui l'accompagne : le mépris collectif le plus absolu.

L'Engagé