lundi 29 novembre 2010

vendredi 26 novembre 2010

« Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu
momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se
désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les
marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison;
car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique
rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa
défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont
son âme comme l'eau le sucre. »

-Lautréamont, Maldoror, Chant Premier



Définitivement je ne m'habituerai jamais aux bouillonnements que Gesca provoque chez moi. Comme l'endos des boites de céréales, il est parfois difficile de ne pas lire l'emballage du papier cul, c'est-à-dire l'éditorial. Ainsi, si le discours anodin des boites de céréales stimule l'appétit, les éditoriaux de La Presse stimulent autre chose...


Ainsi, pendant que Cardinal dit «vert»,
Dubuc affirme le contraire... et se sert du dossier des gaz de schistes pour vomir son fiel sur l'attitude québécoise «de refus».

Permettez moi de coller des fragments de sa pensée : nous aurions une attitude négative qui serait constitutive d'une véritable arriération économique, nous souffririons d'un entêtement, d'une «résistance au développement, une méfiance du secteur privé, une opposition sourde à la dynamique de la création de la richesse ».

S'interroge-t-il ce Dubuc des investissements de son patron, Paul Desmarais, au Québec après que ce dernier ait vendu la Consolidated Bathurst qu'il avait pourtant acquise avec l'aide de nos institutions financières québécoises?

S'il y quelqu'un qui est frileux au Québec, c'est bien le propriétaire de Gesca...

Dubuc fait un amalgame pernicieux : « Ce qui s'exprime, c'est plutôt une culture du "non", soit une opposition franche, soit le désir de reporter les enjeux à un avenir indéterminé, qui est souvent une forme de refus. Tout cela s'est cristallisé autour d'une demande de moratoire, qui a pris valeur de symbole, qui est devenu une fin en soi. Le véritable enjeu, ce n'est pas qu'il y ait ou non un moratoire, mais que le développement du gaz ne soit autorisé que si on en connaît les impacts et si on peut proposer un encadrement acceptable ».

Sans être un journaliste, j'ai fait ma propre enquête dès le mois de juin, et j'ai écrit à Madame Normandeau qu'elle jouait un jeu dangereux avec son appui indéfectible envers les minières. Je n'invente rien, les preuves du parti pris étaient étalées en toute franchise dans le magazine L'actualité, dans un numéro du 5 juin qui présentait un dossier absolument complaisant sur la ministre et les hydrocarbures. Par après, j'ai eu une conversation avec monsieur Claude Duplain, son attaché politique, lequel m'a garanti que la fracturation serait faite dans le respect de l'environnement. Pourtant, pendant qu'il me parlait pour me rassurer, des puits étaient forés au Québec par les mêmes entreprises qui utilisent des produits assez particuliers et des méthodes pour le moins violente, on sait aujourd'hui que des centaines de puits de citoyens ont été contaminés en Pennsylvanie, en effet, la méthode de la «fracturation hydraulique» utilisée pour soutirer les fameux gaz se sert d'un cocktail composé de produits chimiques «dont la recette est secrète» :

«Precise details about the nature and cause of the contamination, as well as the extent of the plume running in the aquifer beneath this region 150 miles east of Jackson Hole, have been difficult for scientists to collect. That’s in part because the identity of the chemicals used by the gas industry for drilling and fracturing are protected as trade secrets, and because the EPA, based on an exemption passed under the 2005 Energy Policy Act, does not have authority to investigate the fracturing process under the Safe Drinking Water Act.»

(source : Abrahm Lustgarten, ProPublica - August 25, 2009 1:36 pm EDT)

Pourtant, Monsieur Duplain a m'a promis qu'il me tiendrait informé et qu'il m'enverrait toute la documentation dont dispose ses fonctionnaires pour que je voie, comme lui, que l'extraction pouvait se faire sans danger. Je n'ai jamais rien reçu, pire, on apprenait lors du début des audiences du BAPE que les fonctionnaires québécois n'avaient que peu d'information et qu'ils comptaient sur l'industrie.

Le bureau de Madame Normandeau avait donc bel et bien été intoxiquée par les minières, les gazières et les pétrolières, il est donc normal que devant le sacrifice du bien commun (la santé, la jouissance de nos demeures, de notre eau, la préservation de nos ressources collectives et surtout le principe démocratique d'une certaine égalité de moyen entre les citoyens et l'industrie), que nous nous rassemblions pour opposer un refus ferme au viol de certains principes que nous tenons pour fondamentaux.

CE N'EST DONC PAS CONTRE LE DÉVELOPPEMENT QUE LES QUÉBÉCOIS S'OPPOSENT, MAIS CONTRE L'INJUSTICE, LE MÉPRIS ET LE VOL.

La ministre avait amplement la chance de jouer le rôle d'arbitre entre l'industrie, l'environnement, le développement et les citoyens. Elle a choisi le rôle de la vendue. Grand bien lui fasse, mais que l'éditorialiste de sa Pravda ne se mêle pas de nous faire la leçon.

Sait-elle que son attaché politique, pour me clouer le bec, m'a menti? En effet, ce dernier a prétendu qu'André Belisle de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique approuvait l'exploitation des gaz de schiste et que ce faisant, je m'inquiétais simplement parce que j'étais mal informé. Je répliquais que je connaissais suffisamment le dossier pour savoir que le gouvernement justement ne pouvait pas en savoir plus que le gouvernement américain, lequel avait justement mandaté l'Environmental Protection Agency d'enquêter pendant deux ans, c'est précisément parce que l'évidence de la nocivité des pratiques de fracturation est manifeste que l'intérêt public commande que l'on n'en sache un peu plus. J'ai demandé à vérifier l'information et voici ce que Monsieur Belisle m'a répondu :

«Tout d'abord ici il ne peut être question de faire confiance ni aux compagnies ni aux ministres, il faut de la transparence et de l'information vérifiée et surtout respecter la population et non la BULLDOZER pour les profits des compagnies.

Nous demandons toujours un moratoire et une audience générique pour voir si on peut dégager des pistes de solution. Nous sommes encore bien loin d'avoir une opinion semblable à madame Normandeau mais nous n'écartons pas totalement la possibilité de pouvoir produire du gaz sans mettre en danger les gens ou l'environnement. Mais c'est certainement bien bien moins que l'ambition des compagnies démontre.

Mais comme l'affaire est très mal engagée nous doutons que la logique puisse prévaloir et nous nous débattrons pour que cela arrive si possible.

Dans tous les cas il faut tout arrêter pour éviter les absurdités qu'on voit et entend tous les jours...»


Si Normandeau ne m'a pas menti en personne, malgré un courriel que je lui envoyais et qui lui montrait que j'étais un citoyen averti (attention lecteur, cet extrait est assez long et contient lui aussi un extrait) :

«Au cas où vous ne seriez pas au courant, Vanity Fair et Propublica enquêtent sur les méfaits du fractionnement hydraulique; les preuves sont évidentes que ces techniques sont loin d'être celles prétendument sans dangers, comme l'a pourtant affirmé la ministre :

"Dans le domaine du gaz, les gens se demandent si on cause préjudice aux nappes phréatiques lorsqu'on fait un forage. La réponse est non. Est-ce que les substances auxquelles on a recours pour forer sont polluantes? La réponse est non"

Je vous invite à prendre connaissance de ces articles (j'avais inséré des liens), trop denses pour être résumés, sachez simplement qu'ils exposent indubitablement la nocivité de la technique de fractionnement hydraulique ou du moins la remettent suffisamment en question pour commander des études environnementales approfondies. Devant le poids de ces évidences, ou Normandeau n'est pas au courant des dangers et se fait manipuler par les lobbys de l'industrie, ou elle est au courant et manipule la population, il se pourrait aussi qu'elle connaisse simplement très mal le dossier.

Dans tous les cas, la santé des citoyens et de l'environnement pourrait être gravement compromise, autoriser malgré tout la prospection sans un cadre extrêmement rigide et un examen du BAPE serait très dangereux pour la carrière politique de Madame Normandeau, on ne joue pas avec la santé. L'information étant disponible, Madame Normandeau ne peut autoriser le recours à cette technique sans afficher du même coup soit de l'irresponsabilité, soit de la duplicité.

J'espère que Madame Normandeau lira quelques articles de Propublica et le reportage de Vanity Fair et qu'elle prendra mon avertissement au sérieux; elle jouit d'un capital politique impressionnant, qu'elle ne le gaspille pas pour un "plat de lentilles".»

Normandeau ne m'a pas personnellement menti, elle a laissé son attaché politique le faire. Le pouvoir a été jusqu'à détourner sciemment la parole d'un tiers pour se débarrasser d'un citoyen trop curieux. La duplicité de Normandeau, je l'ai constaté personnellement, j'en ai fait l'expérience.

Si l'industrie a fait son lit dans son puissant ministère, comment, avec les informations dont nous disposons pourront nous faire confiance au développement? Nous serions de véritables nouilles de ne pas nous opposer à cette corruption, d'autant plus que l'industrie est inondée d'ex-travailleurs gouvernementaux libéraux et que parti libéral « grenouille » lui aussi d'une invasion en règle de cette engeance cancéreuse, « schistique ».

Personne ne peut nous protéger sinon les médias et voilà qu'avec l'éditorial de Dubuc, on a la preuve par mille que Gesca ne défend pas l'intérêt public et ne joue pas son rôle de quatrième pouvoir ou de chien de garde de la démocratie. En effet, je ne suis pas journaliste, je suis un simple travailleur curieux et j'ai pourtant, sur mon temps libre, réussi à me forger la conviction solide que le dossier des gaz de schiste est un dossier pourri pour le Québec. On dirait d'ailleurs que Dubuc a oublié de préciser que nous nous étions d'ailleurs fait avoir par l'allocation des «claims», la Colombie-Britannique ayant su tirer brillamment profit de ce que nous donnons ici à l'industrie.

Retranchant cet important élément, Dubuc surenchère pourtant dans son mépris : «Dans cette logique du refus, il y a, à mon avis, une certaine dose d'immaturité collective. Les perspectives économiques et fiscales du Québec pour les années à venir n'ont rien de rassurant, comme vient de nous le rappeler un peu grossièrement le Conference Board. Jusqu'où le Québec peut-il dire non à une source de croissance économique et de revenus fiscaux?»

Et si, au contraire, nous étions plus matures, plus intelligents et plus intègres, et surtout, peut-être sommes-nous simplement écoeurés de la fange dans laquelle nous enterrent les amis de Dubuc pour ne pas avoir en plus envie de la boire, dans les journaux ou physiquement, dans notre eau?

Que Dubuc publie des inanités c'est son droit. Mais de grâce, s'il est si dur pour lui d'être méprisable, vil et pitoyable, il n'est pas obligé de noircir le portrait des Québécois juste pour endurer sa propre bassesse. Qu'il côtoie plus assidument Pratte, Picher et ses patrons, et il aura moins besoin de noircir notre portrait collectif pour endurer sa propre médiocrité.

Nous, indépendantistes, critiquons aussi parfois un certain «refus», mais il ne nous viendrait pas à l'idée de mépriser le peuple québécois. Cette haine de soi que Dubuc veut nous faire boire est si basse, si coloniale, quelle honte!

Lecteur, as-tu survécu?

lundi 22 novembre 2010

campagne anti-charest



Voici mon affiche pour la campagne anti-charest


mardi 16 novembre 2010

Sonnet d'espoir

Sonnet d’espoir

Une rivière perfide coule au pays
La terre suinte, saturée de ce poison
Elle sue, elle pue les exhalaisons haïes
Son souffre schistique brunit l’horizon

Une coulé putride envahit nos villes
Entrainant un air irrespirable qui étouffe, qui écoeure
Pendant qu’une peste grossière s’évade de l’ile
Contamination de la langue qui pourrit les coeurs

Mais des âmes implacables veillent
Et le soleil sur la plaine malade apparait
Frappée de ses rayons la liberté se réveille

Les crapules prennent peur, l’espoir renait
L’appel passé du Chevalier résonne alors
Et la rivière se glace au bruit de notre accord

lundi 8 novembre 2010

Houellebecq : Goncourt et critiques


Houellebecq : une faille dans l'écriture, mais d'une lecture agréable...


Vous souvenez-vous quand on écoutait «les petits bonhommes» (les dessins animés), avec leurs pouvoirs, leurs dons, ils se mettaient dans le pétrin et on se surprenait à les voir se coincer dans des situations dont ils auraient aisément dû se sortir d'ordinaire. On souffrait pour eux et ça nous énervait.

La critique que Houellebecq fait de notre société provoque chez moi le même énervement. Je ne comprends pas comment quelqu'un qui fait un tel portrait, réaliste et sombre de la société, peut à ce point valoriser le sexe. Son monde est froid, vide, austère, sans rapports humains authentiques et je ne m'explique pas comment quelqu'un qui a un tel esprit analytique peut se fourvoyer sur l'essentiel, la vie a quelque chose de «numineux», mais Houellebecq montre toute la férocité d'un monde sans transcendance et si esthétiquement ses oeuvres sont réussies, s'il a parfois des moments spectaculaires, il les fait reposer sur un propos philosophique aussi faible que la pensée très primaire qui a nourri le dernier Nothomb.

Houellebecq critique clairement nos sociétés et pourtant il semble que dans ses romans, le capitalisme et le darwinisme social qui l'accompagne ne sont pas vraiment disséqués avec la même intelligence que les cas ou les effets qu'ils produisent.

Houellebecq va expliquer combien triste et dramatique est la vie d'un perdant à ce jeu-là et il le fera avec nuance et intelligence, mais il n'ose pas vraiment porter son regard sur les causes.

Il gravite dont finalement sur le constat du caractère très superficiel de l'existence postmoderne, mais son refus de plonger dans les profondeurs l'oblige à faire des tours de passe-passe à la fin de ses romans et à recourir à des artifices plutôt maladroits : le recours à de la science-fiction où l'humanité finit immanquablement par être différente, montrant par là justement notre échec actuel.

Même si ça fait original, ça camoufle que ses romans sont inachevés et qu'il les fait finir en queue de poisson. Pourquoi? Parce que sa pensée est inachevée : Houellebecq n'arrive pas à voir ses propres contradictions. L'existence est pleine de sens et d'opportunités de se laisser toucher par la transcendance, ne serait-ce que par l'art, ces romans ne parlent indirectement que de cette aspiration, mais il fait exprès de peindre un monde où un tel sens n'existe pas.

Sa fixation sur la beauté et le sexe est également révélatrice d'une certaine immaturité, le point oméga pour ses personnages est justement dans la pénétration d'une femme sublime

Voilà précisément ce qui m'étonne, comment peut-on être parfois si génial et pour l'essentiel, être si lourd.


dimanche 15 août 2010

Le combat pour la langue : entre modernité et postmodernité



Comment les Québécois peuvent-ils accepter que les politiciens de la province dévalorisent à ce point leur langue, leur culture? Comment se fait-il qu'il n'y ait pas un engouement plus fort pour la langue? Pourquoi le projet de loi 103 ne soulève-t-il pas un tollé aussi puissant que celui qu’ont déclenché les magouilles autour du recensement? Pourquoi Courchesne n'a-t-elle pas reçu la volée de bois vert qu'elle méritait lorsqu'elle a trafiqué les calendriers scolaires pour les écoles juives orthodoxes au lieu de les mettre au pas?

En lisant Vadeboncoeur et Miron, on comprend que c'est cela, être colonisé; les malheurs que je décris sont des symptômes, pas des causes. En lisant Philpot, Falardeau et Lester, on en apprend un peu plus sur les médias et les techniques par lesquelles leurs propriétaires nous maintiennent dans ce mal. Enfin, une lecture des «Normes» de l'historien Maurice Séguin nous aide à voir la structure politique par laquelle notre nation est assujettie, et par là, nous comprenons que «qui n'agit pas par lui-même meurt à petit feu» (la citation est reproduite de mémoire). Les troubles décrits ci-haut sont caractéristiques de cette mort lente.

On pourrait penser que ce petit tour d'horizon circonscrit bien la problématique de notre immobilisme, mais en lisant l'excellent numéro spécial #101 de la revue «Liberté», publié en 1987 et intitulé «Watch ta langue» (que j’ai eu envie de consulter à la suite de mes lectures sur Vigile), j'ai été sidéré par la qualité et la force de la pensée des auteurs qui y avaient contribué. Imaginez que Beauchemin, Miron, Larose, Vadeboncoeur, Castonguay, Bissonnette, Ricard et j'en passe se partagent une «Tribune libre» l'espace d'une semaine, et vous aurez une idée de la valeur qu'arrive à condenser cette petite revue.

Voici un aperçu :
« C'est aux Chartes des droits des personnes (québécoise et canadienne) que la Loi 101 n'a pas résisté. Cette confrontation fatidique de la loi 101 avec les Chartes des droits de la personne est cruciale. La Loi 101 est la volonté d'un parlement face à un enjeu social saisi dans son contexte socio-politique, un contexte qui est pour le moins complexe; les chartes sont l'érection en loi d'un principe abstrait, celui de la liberté. Les deux ordres, une législation parlementaire et une loi fondamentale, ne sont pas -ni dans leur contenu, ni dans leur signification juridique- réconciliables.» [...]

« Dans notre contexte géo-culturel à nous, le fait que nous ayons épousé, au Canada et au Québec, le concept d'une charte des droits de la personne érigée en loi fondamentale est une nette manifestation de notre colonisation culturelle par l'Amérique. Où les institutions parlementaires britanniques auraient permis la défense du caractère particulier de notre collectivité, le principe américain de la liberté n'admet pas les particularismes, sauf au niveau de l'individu. [...] Le drame est qu'on ne peut pas, nous le répétons, vivre au diapason de la charte (le Québec en a une à lui) et de la Loi 101 en même temps: il va falloir choisir. Autrement, la particularité du Québec, dont le dénominateur commun le plus évident est la langue française, disparaîtra; et le Québec, n'ayant plus d'avenir comme nation, sortira de l'histoire laissant en arrière des Québécois entièrement «libérés», de futurs Kérouac de l'Empire.»


(CALDWELL, Gary. La loi 101 contre les chartes des droits de la personne, Liberté, 1987.)

Une telle précision, une telle acuité me séduit, mais ce qui me trouble, c'est de penser que ce texte a 23 ans, qu'il soit criant d'actualité et qu'on en ignore collectivement les conclusions. Comment l’expliquer? Une piste que l’on n’explore pas assez est la confrontation entre les valeurs de la postmodernité et celles de la modernité, et le fait que le Québec soit un des théâtres d’opérations de cette lutte.

On utilise beaucoup les termes «moderne» et «postmoderne» et je crois que même chez les érudits, on est victime d'une certaine confusion quant aux référents respectifs de ces deux termes.

La modernité est héritière des Lumières et elle est assise principalement sur 3 métarécits : la raison, la science et l'Histoire. La modernité se caractérise donc par le rejet des superstitions et des croyances comme ciment communautaire pour lui préférer des valeurs humanistes empreintes de rationalité. Une société moderne est donc une société qui, lorsqu'elle est confrontée à des défis, des problèmes, s'en remet à un exercice de délibération régi par la raison, la science et l'Histoire. La nationalisation de l'électricité est un excellent exemple d'une décision moderne : les préjugés à l'effet que nous n'en n'étions pas capables ne tenaient pas debout et c'est par une compréhension juste de l'histoire que nous avons compris la nécessité d'une telle démarche, quant à la science, nous avons saisi l'occasion de développer une expertise unique. La modernité permet donc de développer des structures, des hiérarchies claires par lesquelles il est possible de saisir la réalité, voire de permettre à l'homme de contrôler son environnement, et au peuple, son gouvernement. On comprend mieux pourquoi la revue de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre s'appelait «Les temps modernes». La modernité permet aux individus de se libérer des contingences qui les oppressent : les êtres humains sont dignes et peuvent changer les choses s'ils s'investissent. On comprend mieux aussi, que la Révolution tranquille fut moderne.

La postmodernité est plus difficile à définir, mais on peut dire qu'elle est une conséquence de la modernité, sans pour autant être aboutissement, il s'agit plutôt d'un accident.

La modernité donne une souveraineté aux individus, la modernité est synonyme de démocratisation de l'enseignement, mais si les individus se retrouvent dans un monde moderne sans les clés de compréhension de cette dernière, c'est-à-dire sans une compréhension juste du fonctionnement de celle-ci, donc du rôle primordial de la raison, de la science et de l'Histoire, ils perdent leur repères. La postmodernité a donc pour origine la contestation, le chaos et l’instabilité qui ont caractérisé les années 60. Les énergies dissidentes (et porteuses d’espoir) ont ensuite été récupérées par les diverses autorités dans les années 70, un bon exemple de cela pourrait être la démission de Nixon, qui montre en apparence une victoire de la société civile, alors que les structures corrompues sont restées en place.

Ainsi, on peut qualifier la postmodernité comme l'expression collective d'un doute face aux métarécits de la modernité, lesquels sont remplacés par d'autres piliers : le plaisir, la diversité et la tolérance. Ces nouveaux moteurs engendrent à leur tour une fragmentation des structures, des collectivités et des individus, une exagération de l'individualisme et surtout, permettent l'émergence d'un relativisme moral et scientifique.

Le rejet des valeurs et des structures traditionnelles, provoqué par les forces modernes, a créé un vide. Ce dernier, plutôt qu'être remplacé par un projet plus enraciné, dans l'effervescence des changements sociaux propres aux années 60, a été «rempli» par la consommation et la multiplication des médias de masse. Pendant que les individus devenaient de plus en plus atomisés, ils devenaient soumis aux nouvelles structures économiques, voilà un peu le gouffre par lequel les valeurs de la postmodernité se sont instillées dans nos vies.

La lutte pour l'enseignement du créationnisme, le bilinguisme, le multiculturalisme sont des excroissances de la postmodernité. La réforme scolaire au Québec en est un bon exemple. Dans la grande diversité sans structure d'une connaissance étalée comme dans un marché, des experts en pédagogie ont déduit que le constructivisme (un paradigme intéressant en épistémologie ou en science très pointue) pouvait devenir LE paradigme en éducation, les connaissances étant désormais étiquetées comme «socialement construites», il faut désormais favoriser la construction de connaissances par le biais d'une approche par «compétence» (de champs et d'objets transversaux), et ce, au mépris de l'expertise disciplinaire. Ce sont désormais ceux qui maitrisent ce jargon qui dirigent en éducation et non les spécialistes des disciplines, de toute façon elles n'existent plus, ce sont des «champs».

Le grand cafouillage de la réforme est exemple institutionnel des fractures que provoquent les tiraillements entre modernité et postmodernité. Un projet aux visées postmodernes est venu s’opposer aux valeurs et aux structures modernes des écoles qui avaient précisément insisté sur un renforcement des matières essentielles. Écrire un long texte sur Vigile est moderne, changer son statut sur «Facebook» toutes les heures est postmoderne. «Bazzo» est généralement moderne, «Tout le monde en parle» est postmoderne. Prendre un café avec un ami pendant 2 heures est moderne, se réunir à 12 dans un bar, sans rien se dire; 12 solitudes qui palpent leur portable, c’est définitivement postmoderne. Rien ne correspond plus à l’essence de la postmodernité que cette idée des jeunes qui font du «multitâche» devant leur ordinateur. Cet exemple permet de voir que la postmodernité écrase toutes les hiérarchies (le relativisme).

Des Montréalais (francophones ou anglophones) qui se disent tels plutôt que de se définir comme Canadien ou Québécois, qui ignorent précisément l'histoire et qui ne comprennent pas la portée politique de leur nouvelle adhésion ne comprennent même pas, dans leur désir d'éviter la division, qu'ils choisissent sciemment de renforcer l'identité canadienne et le fédéralisme, qui se disent partisans d'une culture universelle, sans même connaitre la leur, sont, vous l'aurez compris POSTMODERNES.

L'éthique moderne demande des efforts, il faut lire, s'informer, discuter et continuellement interroger l'Histoire; la postmodernité, en privilégiant plaisir offre penche plutôt pour le confort que vante IKÉA... La tolérance et la promotion de la (fausse) diversité sont le corollaire de cette paresse. En contrepartie, on invente des catégories fourre-tout, comme des sauces méditerranéennes, mais on ne s'intéresse pas vraiment aux particularités : on drague le «bel Arabe» dans un bar, mais est-on vraiment intéressé par ce qu'il va nous dire sur son l'histoire libanaise, sommes-nous intellectuellement équipés pour comprendre la différence entre Chiites et Sunnites? Comment parler de la poésie perse d'Omar Khayam si on ne connait pas soi-même la poésie française? Le relativisme moral permet à tous d'avoir raison et condamne de facto les radicaux, sans les écouter, leur extrémisme étant la preuve de leur intolérance. C'est donc un vecteur de paix sociale, mais à qui profite-t-elle? Derrière l'humanisme du mélange tolérance-diversité se cache un marché qui veut nous faire acheter du Coke ou du Pepsi, mais surtout, à nous faire acheter, voilà à quoi se résume la diversité, car la postmodernité est, par-dessus tout, commerciale. Vous aurez compris que la rectitude politique est... postmoderne.


Mon intuition est que le Québec est entré dans la modernité au même moment où commençait le bouillonnement de la postmodernité. C'est peut-être le cas de bien des nations, mais la nôtre était particulièrement vulnérable, son entrée dans la modernité se faisait sur le tard. Paradoxalement, cette postmodernité a permis au fond conservateur de perdurer et par là, a bloqué les forces modernes

Cela demeure encourageant : la lutte pour l'indépendance est un projet RÉSOLUMENT moderne, lors des batailles précédentes, nous n'avons donc pas été vaincus seulement par l'adversaire ou la peur, mais parce que se jouaient d'autres forces historiques qui tendaient à dépolitiser la population et à conforter dans sa quête de facilité. L’apathie n’est pas québécoise, n’est pas liée à la popularité de nos idées, elle générale.

Alors que mon père a fait du militantisme en 80, il n'a pas bougé en 95, pourquoi? Parce que 15 ans de postmodernité causent des ravages. Qui était-il, à l’ère du relativisme pour cogner chez le voisin pour le convaincre? Tout ce vaut, non? Et puis, il faut être tolérant. N’est-ce pas? Et puis, le gouvernement va la faire, lui, l’indépendance. Voilà l’effet des valeurs postmodernes. Quand nos adversaires diffusent des preuves que notre projet stagne, il faut se rappeler qu'en 2010, tout projet politique stagne. C'est une tendance mondiale à laquelle nous ne pouvons échapper. Ainsi, contrairement aux années 60 et 70, le Canada n’est pas plus capable de se réformer sans nous. Le déficit démocratique du Canada, son assujettissement à une vision commerciale et puérile sont des défis qu’il doit relever, y arrive-t-il mieux que nous arrivons à faire l’indépendance? Nous sommes beaucoup plus près des leviers qu’il nous manque que ne l’est le Canada. C’est d’ailleurs notre départ qui va créer des occasions de réforme. N’est-ce pas triste?

Maintenant, il n'en tient qu'à nous de démontrer que la postmodernité était un épisode temporaire de la modernité et je crois que le remède à la postmodernité, c'est d'insister justement sur les valeurs de la modernité. La raison, la science, l'Histoire, quand elles sont bien maniées démembrent absolument les construits postmodernes, mais il faut d’abord comprendre sur quoi ils reposent.

Nous sommes un peu loin de notre point de départ, mais je cherchais à comprendre pourquoi nous n'arrivions pas à défendre correctement notre langue, j'ose espérer qu'avec une clarification des concepts de modernité et de postmodernité, nous pourrons enrichir les réflexions et les argumentaires en faveur du français et de l’indépendance. En utilisant les termes appropriés, nous augmentons la qualité et la profondeur de nos analyse. C’est cela aussi, la richesse de la langue...

Je tiens aussi souligner que les concepts que j'ai utilisés proviennent de la présentation d'un enseignant, Jean-Louis Lessard, que je remercie chaleureusement. Et je termine en soulignant, à l’aune de cette réflexion, combien était à propos la phrase de Paul Martin : «le Canada est le premier pays postmoderne», ça donne envie d’en sortir!

vendredi 6 août 2010

F-35 le gouffre démocratique



Petit, ma mère m’emmenait dans ses manifestations pour la paix, dans ses manifestations féministes et dans ses manifestations syndicales. Je n’ai donc pas besoin que l’on me fasse la démonstration du caractère absolument immoral d’encourager le complexe militaire et industriel américain et canadien par l’achat de 65 avions d’attaque super modernes, mais j’aimerais partager ma compréhension de certaines implications de cette décision. En effet, certain(es) sont tellement outré(es) par cette décision, qu’ils n’osent pas l’examiner. Or, seule une véritable compréhension des périls est susceptible de réveiller une contestation.

Tout d’abord, le simple fait de posséder de tels joujoux encourage les militaires à faire des pressions pour les tester et donc à soumettre des plans d’interventions ou à soumettre des analyses à travers lesquelles les dites interventions sont nécessaires, voire vitales. C’est ainsi qu’un cercle vicieux s’instaure, encourageant les industries de l’armement et les conflits militaires à travers le monde, pour le plus grand bénéfice des firmes et des pays producteurs d’armement.

Cette dépense a aussi un caractère insidieux : en dopant le milieu militaire, on augmente son pouvoir et dès lors sa crédibilité. C’est ainsi qu’à son instigation, on entre en guerre, on devient patriote et pour ce faire, on attaque les libertés civiles, lesquelles sont, on le sait, un espace où pourrait se loger la dissidence, la démoralisation des troupes ou l’aide à l’ennemi.

En ce sens, cette militarisation de la politique, de l’économie et de la société civile diminue considérablement la liberté des citoyens. En effet, les écoutes préventives, le fichage, le manque de transparence, les secrets d’État, l’augmentation des budgets de sécurité sont autant de travers totalitaires même si elles ont pour but, peut-être naïvement, de nous protéger. Le « Patriot Act » est un bon exemple du type de mesures qui que tend à produire un gouvernement militariste.

Sommes-nous réellement menacés par la Corée, l’Iran ou la Russie ? Nous sommes en tout cas menacés par notre propre gouvernement. Ainsi, l’achat de ces 65 avions représente une menace véritable bien supérieure à celle que posent les pays contre lesquels nous nous battrons lorsqu’on nous aura livré nos nouveaux joujoux.

Enfin, même si on joue le jeu et que l’on mette un instant cette analyse pacifiste de côté, une analyse tactique et technique permet de comprendre que cet avion, le F-35, n’est pas ce dont les militaires ont besoin.

Le F-35 est un avion d’attaque, ce n’est pas un chasseur. Il est truffé de technologies pour permettre à son pilote de bombarder sans danger des cibles dans des théâtres d’opérations comme le Kosovo ou l’Irak. Par contre, ces technologies ne lui permettront pas de gagner des engagements contre des chasseurs, surtout s’il s’agit de chasseurs russes de dernière génération. Le F-35, dans un contexte de combat aérien contre une flotte moderne, a besoin du support d’un avion encore plus couteux, le F-22, lequel est trop cher pour nous. Cet achat est donc la preuve que nous abandonnons notre souveraineté aérienne en échange du support américain ou alors, l’admission implicite que nos militaires ne voient pas en la Russie une menace, car si c’était le cas, nous aurions acheté des avions capables de rivaliser avec les siens.

Ces avions ne nous seront efficaces qu’à une seule fin : permettre aux Canadiens de bombarder, dans le cadre de coalitions avec l’apport américain, de pays militairement bien moins forts. Mais dans ce cas, nous n’avons pas besoin d’avions aussi sophistiqués, le support logistique de nos alliés nous permettrait de toute façon d’utiliser des avions moins récents.

Enfin, ces avions moins récents seraient d’autant plus capables de défendre notre souveraineté dans l’arctique qu’ils ont plus d’autonomie et sont plus fiables ; les Américains eux-mêmes ne se fieront sans doute pas au F-35 pour assurer leur part dans le cadre de NORAD. En effet, le F-35 est moins rapide, moins maniable et a moins d’autonomie que les chasseurs russes de dernière génération. Notre souveraineté aérienne étant donc symbolique, pourquoi ne pas la pratiquer à moindre cout ?

Cette analyse rapide permet de comprendre qu’il n’y a pas de véritable avantage tactique à investir dans le F-35, sinon que dans l’affirmation symbolique et dans la prétention de faire du Canada une puissance militaire. Malheureusement, il faudra exercer cette puissance pour qu’elle soit manifeste, car on l’a compris, elle n’est que partielle. Nous serons donc complices d’interventions militaires agressives et ainsi coupables de crimes de guerre et de bavures. Cet achat sert donc renforcer l’assise du complexe militaire et industriel au Canada et à lui donner un plus grand pouvoir.

L’achat de 65 f-35 n’est pas l’aboutissement d’un processus, mais son début. Si vous êtes inquiets, imaginez comment vous le serez lorsque les retombées économiques de cette dépense seront telles, que ledit complexe pourra s’acheter encore plus de voix, de think tanks, de journaux et de politiciens.

Cette décision est beaucoup plus grave pour la démocratie que les décisions récentes sur le recensement. Nos réactions ne sont pas proportionnelles aux menaces que représentent ces 65 engins de mort.

mercredi 7 juillet 2010

synopsis pour Tierney

Synopsis :

Un jeune québécois « de souche » idéaliste arrive de Chicoutimi et trouve un logement dans la Petite Italie, il découvre le vide abyssal sur le plan culturel des Italo-canadiens et de leurs festivals corporatifs et se sent au passage comme une « merde » dans l’univers anglais et commercial de son nouveau quartier.

Parallèlement, une jeune Magrébine n’arrive pas à se trouver un bon travail, même si elle est trilingue, elle ne parle pas anglais et se sent flouée.

Un Norvégien francophile les rencontre et leur parle de Miron, ensemble ils se mettent à militer pour le français et l’indépendance.

Le gars de Chicout se fait casser la gueule après une échauffourée liée à la langue, et tout est tout plus noir, au milieu d’une élection quant soudain, ses amis arrivent à concentrer l’attention médiatique autour de son cas.

Le fait d’avoir été sonné réveille une rage en lui et il trouve une formule-choc et il se met à rallier des tas d’immigrants, ratissant dans Parc-ex et Côte-des-Neige,

Le film se termine par une manif monstre, plein de fils et de filles de la langue 101 qui scandent : « Mon Québec, mon pays ; mon pays accueillant.

Avant le générique, on passe quelques infos sur la dichotomie de nos structures politiques.

Pensez-vous que Tierney aimerait ce film ? Où est-ce que l'intégration de l'indépendance ferait trop «passé»?

mardi 6 juillet 2010

Un moron de plus?

Je n'ai pas l'habitude d'être aussi cru, mais Tierney serait-il un moron de plus?

Alors que l'on a encensé son film, alors qu'il me semble que le Québec a fait des efforts pour le promouvoir, comment peut-il dire de telles inanités?

Quand on est cinéaste, il me semble que l'on a le mandat d'être cultivé, de s'intéresser à l'histoire, à la politique et à la dimension sociale de la société que l'on veut représenter.

J'avais envie d'aller voir son film, je saluais son intelligence et son ouverture et voilà que je comprends qu'il n'a sans doute pas vu «l'ange de goudron», n'a-t-il pas saisi l'allusion norvégienne était-ce cela?) et de la mer de «Maelstrom», est-ce qu'il est trop con pour voir la tension entre l'identité québécoise et la politique du multiculturalisme et que nous ne foutrons donc pas une tête immigrée sur de la pellicule juste pour faire bonne impression?

dimanche 6 juin 2010

Normandeau ment!


Normandeau ment ou du moins elle joue tellement sur le sens des mots qu'elle induit en erreur la population.

«Dans le domaine du gaz, les gens se demandent si on cause préjudice aux nappes phréatiqueslorsqu'on fait un forage. La réponse est non. Est-ce que les substances auxquelles on a recours pour forer sont polluantes? La réponse est non»

Curieux, une recherche sommaire sur le très sérieux site Propublica, qui suit ce dossier de très près, révèle que la méthode de la «fracturation hydrique» utilisée pour soutirer les fameux gaz se sert d'un cocktail composé de produits chimiques «dont la recette est secrète».

Precise details about the nature and cause of the contamination, as well as the extent of the plume running in the aquifer beneath this region 150 miles east of Jackson Hole, have been difficult for scientists to collect. That’s in part because the identity of the chemicals used by the gas industry for drilling and fracturing are protected as trade secrets, and because the EPA, based on an exemption passed under the 2005 Energy Policy Act, does not have authority to investigate the fracturing process under the Safe Drinking Water Act. Using the Superfund program gave the agency extra authority to investigate the Pavillion reports, including the right to subpoena the secret information if it needs to. It also unlocked funding to pay for the research.
SOURCE : Abrahm Lustgarten, ProPublica - August 25, 2009 1:36 pm EDT
The process, which forces highly pressurized water, sand and chemicals into rock to release the gas and oil locked inside, gives drillers unprecedented access to deeply buried gas deposits and vastly increases the country's known energy reserves. But as ProPublica has detailed in more than 60 articles, the process comes with risks. The fluids used in hydraulic fracturing are laced with chemicals -- some of which are known carcinogens. And because the process is exempt from most federal oversight, it is overseen by state agencies that are spread thin and have widely varying regulations.
[...]

Two of the largest companies involved in natural gas drilling have acknowledged pumping hundreds of thousands of gallons of diesel-based fluids into the ground in the process of hydraulic fracturing , raising further concerns that existing state and federal regulations don't adequately protect drinking water from drilling.



SOURCE : Sabrina Shankman and Abrahm Lustgarten, ProPublica - February 19, 2010 11:33 am EDT



Je pense que c'est assez clair qu'on nous prend pour des valises...

samedi 5 juin 2010

Gaz de schiste , le pire danger serait-il Normandeau?



Cette phrase de Normandeau m'a fait bondir :
«Ce n'est pas vrai qu'une entreprise va s'installer sans avertissement avec sa foreuse, dit-elle. On travaille avec André Caillé pour s'assurer que les citoyens sont dans le coup, avec un nouveau code de conduite. On veut devenir la référence pour une exploitation respectueuse du gaz de schiste.»


Elle est déjà en train de dire que la ressource, on va l'exploiter, qu'est-ce qu'elle entend donc par «exploitation respectueuse», qu'on va vouvoyer les gens pendant qu'on va empoisonner leur eau? Que les huissiers qui vont porter les mises en demeure à l'encontre des opposants sauront conjuguer leurs menaces au subjonctif? Que Charest va sourire gentiment quand il va afficher un silence polit quand les liens qui l'unissent aux investisseurs commenceront à circuler? Qu'on va endormir les gens par la gauche pendant qu'on va les empoisonner de la droite?

L'excellent site Propublica a généré un dossier impressionnant sur les dangers de l'exploration gazière. Quelqu'un au Québec peut-il faire un résumé pour Madame Normandeau? La nappe phréatique, la santé publique seraient véritablement menacés par les techniques actuelles:

«Now an important part of that argument -- that most of the millions of gallons of toxic chemicals that drillers inject underground are removed for safe disposal, and are not permanently discarded inside the earth -- does not apply to drilling in many of the nation's booming new gas fields.

Three company spokesmen and a regulatory official said in separate interviews with ProPublica that as much as 85 percent of the fluids used during hydraulic fracturing is being left underground after wells are drilled in the Marcellus Shale, the massive gas deposit that stretches from New York to Tennessee.

That means that for each modern gas well drilled in the Marcellus and places like it, more than 3 million gallons of chemically tainted wastewater could be left in the ground forever. Drilling companies say that chemicals make up less than 1 percent of that fluid. But by volume, those chemicals alone still amount to 34,000 gallons in a typical well.»

Source : Abrahm Lustgarten, ProPublica - December 27, 2009 9:12 am EDT

Si elle était vraiment sérieuse pour que l'on devienne une référence, ce n'est pas à gérer des relations publiques avec Caillé qu'elle occuperait son temps, mais plutôt à la rédaction d'un moratoire intelligent. En refusant d'ailleurs d'inciter le public à participer à la rédaction de son projet de lois sur les mines, elle nous pousse à croire que ce sera encore de la poudre aux yeux pour que les tinamis s'approprient les richesses collective, mais ce coup-ci ils pourront nous rendre malades en même temps. L'exploitation du gaz de shiste pourra donc également favoriser l'établissement d'un système de santé privé? Pas bête le Tapis Libéral...

À lire absolument :

EPA: Chemicals Found in Wyo. Drinking Water Might Be From Fracking




mardi 1 juin 2010

Le parti libéral, la politique du tapis et ses acariens




Hier, Jean Charest, premier ministre du Québec et aspirant premier ministre du Canada aurait réussi un coup de maitre : il a recruté l'ex-adéquiste Simon-Pierre Diamond et en a fait son candidat libéral pour la prochaine élection partielle dans Vachon.

Comme vedette de son ancien parti -c'est quand même le citoyen ayant été le plus jeune élu de l'histoire du Québec- et transfuge (on parle d'un ex-directeur général de l'ADQ, ce n'est pas rien), il serait plus que pertinent de connaitre sa position constitutionnelle, sa vision du Québec. Après tout, sa jeunesse en fait un candidat potentiel pour qu'il ait un jour un ministère ou qu'il soit même, sait-on jamais, premier ministre du Québec.

Son C.V. est impressionnant, son parcours et son engagement scolaires aussi alors je me pose une question, où a-t-il trouvé le temps pour lire, se cultiver et connaitre la culture et l'histoire du Québec? Sciences humaines au Cégep de Maisonneuve et études en droit c'est bien, mais en temps que membre des cercles d'affaires et des chambres de commerce et surtout en tant que jeune politicien hyperactif, où a-t-il été cherché le savoir nécessaire pour alimenter sa pensée critique et se forger une véritable pensée politique, voire une vision de la société québécoise et des moyens pour la faire advenir?

Sa proximité des milieux d'affaires, à un si jeune âge a quelque chose d'inquiétant. N'est-ce pas l'expression d'un conformisme assez étrange qu'il ait été président d'assemblée pour le comité jeunesse du parti défusionniste Union Montréal? Ce genre de choix, contraire à l'activisme que l'on attend d'ordinaire chez les jeunes (il y a des causes environnementales et sociales pour lesquelles il aurait pu militer et qui sont bien plus au diapason avec les préoccupations de la génération dont est issu Monsieur Diamond) a malheureusement des relents d'opportunisme.

Il semble donc hautement nécessaire de l'interroger pour vérifier s'il est vraiment conscient du jeu auquel joue. Le jeune politicien prétend que le parti libéral a désormais un discours adéquiste. En effet, d'après le programme de l'ADQ, « [l]e Québec est aujourd’hui mûr pour une voie nouvelle qui lui permettra de s’épanouir et de satisfaire ses aspirations profondes à l’intérieur du Canada, dans un esprit de collaboration et de bonne entente. Cette voie nouvelle, c’est celle de l’autonomie politique, financière et économique du Québec.» Le même programme souligne que «[c]ontrairement à l’option fédéraliste, qui consiste à accepter le statu quo, et à l’option souverainiste, qui prône l’indépendance du Québec à tout prix, l’ADQ suggère que le Québec adopte une vision autonomiste, s’inscrivant dans la continuité du Rapport Allaire.»
Simon-Pierre Diamond réalise-t-il qu'il passe d'une vision passablement revendicatrice, celle qui prône une véritable réforme de la constitution canadienne, à une vision qui s'apparente à la politique du tapis?

La seule marge de manoeuvre qu'offre Charest est en effet cantonnée dans les ententes administratives qu'il arrive à négocier avec le fédéral. En refusant tout rapport de force fondé sur la légitime option de l'indépendance, en étant l'otage d'une frange d'électeurs qui ne seront jamais partisans d'une véritable réforme permettant aux francophones d'avoir précisément l'autonomie nécessaire à leur épanouissement, Charest a les mains liées et force ainsi le Québec à avaler les diverses couleuvres que lui impose Ottawa.

Ottawa veut abolir le registre des armes à feu, Ottawa refuse de nommer des juges bilingues à la Cour suprême, Ottawa veut faire une agence nationale de règlementation des valeurs mobilières, Ottawa autorise Terre-Neuve à creuser Old Harry en dépit des règles de sécurité et au mépris de la santé du Golf du Saint-Laurent et la Cour Suprême invalide des pans de la loi 101? Charest et le parti libéral ne peuvent rien y faire.

En définitive, il est incompréhensible qu'un jeune québécois francophone instruit ne réalise pas combien les Québécois francophones sont actuellement dans une impasse et plus que jamais menacés par la constitution canadienne, la disparité économique et surtout la démographie canadienne. S'il embrasse le parti libéral, c'est qu'il se moque fondamentalement du destin de ses compatriotes et qu'il préfère choisir une belle carrière.

Tant qu'il était adéquiste, sa position autonomiste pouvait paraitre farfelue, mais elle avait au moins le mérite d'un certain idéalisme. Simon-Pierre Diamond a choisi le navire libéral, un choix carriériste et individuel tout à fait légitime, mais il doit assumer le prix qui l'accompagne : le mépris collectif le plus absolu.

L'Engagé

dimanche 23 mai 2010

Dubuc, Pratte, fédéralistes québécois, pourquoi?

Je lis un éditorial de Dubuc qui commente un sondage Crop réalisé pour Option Canada.
Il reconnait que l'on est dans une impasse, qu'il prétend que l'option souverainiste est finie depuis 10 ans, qu'il le répète depuis longtemps, avec son ami Pratte.

Leur discours? C'est terminé, passons à autre chose, construisons un meilleur Canada. Dans leur transport, ils oublient que le fédéralisme n'est pas réformable, que le poids du Québec diminue et qu'on est déjà une minorité; ils veulent que l'on soit fier, que l'on rayonne que l'on s'affirme, mais à l'intérieur du Canada, mais quand les frontières du cadre politique de ce dernier vont compresser nos aspirations, on fera quoi, le tapis? On doit tendre la main au Canada, mais qu'est ce qu'on fait s'il refuse notre lecture des règles, on se choque, puis après?

Si on s'affirme à l'intérieur du Canada, c'est pour avoir plus de pouvoir pour régler certains problèmes, non? Qu'est-ce qu'on fait si on y prend gout, on se limite? un peu de pouvoir c'est bon, mais pas trop? La souveraineté est à prendre avec modération, c'est ça?

Je vais sous peu écrire un autre billet, mais je vous en donne les grandes lignes : pour les Canadiens (même que c'est vieilli comme vision), il n'y a qu'une nation au Canada : les Canadiens, lesquels sont francophones ou anglophones (et il y a les autres), pour les Québécois, du moins les nationalistes, principalement francophones, il y a deux nations : Les Québécois et les Canadiens. Langue, culture, droit et politique entre les Canadiens et les Québécois et les divergences sont suffisants pour que ce qui est assez bon pour l'un des peuples soit souvent préjudiciable à l'autre. Actuellement, en étant dans le Canada, la nation minoritaire est assujettie à la nation majoritaire. Même en élisant une majorité de députés d'un parti au pouvoir au fédéral, les Québécois ne peuvent en constitué la majorité (d'ailleurs, ça serait assez antidémocratique s'ils y arrivaient ) ils sont structurellement condamnés à cette position d'éternelle minoritaire (dont le poids diminue de plus en plus). L'option canadienne pour le Québec en donc une d'assimilation et non d'affirmation, c'est en nous diluant dans un ensemble plus grand que nous ferons de grandes choses, mais les moyens mis en oeuvre pour arriver à cette fin sont ceux-là mêmes qui permettent d'évaluer la pertinence de cette fin.

Le but ultime n'est-il pas d'assurer notre pérennité en tant que joyaux francophone en Amérique du Nord, de garder notre nation vivante et épanouie? Pour parvenir à un certain pouvoir nous devons nous «bilinguiser» nous Canadianiser, pour participer à l'exercice fédéraliste enthousiaste des Dubuc et Pratte, or il n'existe pas une telle chose qu'une nation bilingue. Il n'existe même pas de véritable culture canadienne, c'est désormais un construit multiculturel et relativiste dont l'essence -le dénominateur commun de la langue anglaise, de la culture anglo-saxonne et des influences commerciales américaines- constitue un ciment invisible, mais néanmoins hégémonique. Comment voulez-vous que le français, en déclin au Canada, puisse se tailler une place honorable en tant que ciment, alors que l'histoire des deux peuples fondateurs est de plus en plus évacuée?

Comment voulez-vous donc que l'on participe au Canada autrement qu'en tant que minorité? Comment voulez-vous que l'on se satisfasse d'une condition minoritaire alors que l'on est assez autonome pour vouloir justement plus de pouvoir et que l'on comprenne que les intérêts des Canadiens ne sont pas nécessairement ceux des Québécois? Quand deux peuples sont si différents, pourquoi penser que l'on peut les réunir dans la même structure politique?

Pour Pratte, Dubuc et les autres (Charest, Dion et cie) on a qu'à devenir « Canadien» et participer à cette grande nation bilingue. Messieurs, cette nation n'existe pas. Certains individus (Chrétien, Martin, Trudeau, Charest, Desmarais ) peuvent l'incarner, mais ce sont des élites créées précisément par les paradoxes et l'aliénation que cause à une nation le fait d'être subordonnée politiquement à une autre nation, majoritaire celle-là, c'est la preuve que la culture de la majorité à un potentiel d'attraction infiniment fort pour qui veut réussir, ça ne peut-être le destin politique d'une collectivité si elle veut rester unique et distincte.

En d'autres mots, le bilinguisme est le cheval de Troie pour une nation minoritaire, le Canada, à cause de sa structure, de son histoire, est un perpétuel danger pour les collectivités francophones qui l'habitent. L'histoire de leur déclin en est la preuve de moins en moins vivante.

Bref, l'utopie, c'est penser que les Canadiens seront bilingues. Les Canadiens sont anglais et il existe une famille politique assez exceptionnelle de Québécois qui s'ignorent et qui sont bilingues et qui ont essayé de façonner le Canada au complet à l'image de leur identité paradoxale.

Mais l'une ou l'autre des nations canadienne et québécoise ont toujours fini par les exclure. Le souvenir de Trudeau est à jamais terni pour les Québécois, Mulroney et Bourassa ont échoué, Chrétien n'a jamais été aimé au Québec et Dion, le plus canadien et pourtant le moins bilingue a subit un revers absolument cinglant, plongeant ainsi le Canada dans une vibrante crise en consolidant le pouvoir des conservateurs, lesquels permettent de bien saisir combien différents sont les Québécois des Canadiens.

Il est donc proprement hallucinant que deux êtres intelligents, Pratte et Dubuc, ne sachent voir les dynamiques que j'ai expliquées ici. À cause de leur tribune, je dirais qu'ils sont responsables de cette indifférence, pour laquelle ils se félicitent. Car à les écouter, c'est parce qu'elle est impopulaire et non parce qu'elle n'est pas souhaitable que l'Indépendance n'est pas une bonne option.

S'ils veulent vraiment que la culture québécoise et la langue française s'épanouissent, ils savent ce qui leur reste à faire. Un fusil, ça se change d'épaule!

Leur argument principal c'est que nous sommes trop petits et que nous avons besoin du Canada pour rayonner. Observez combien la culture canadienne est sous-représentée par rapport à la culture américaine et vous comprendrez combien nous n'avons rien à gagner à perpétuer cette union.

Quant à la perte d'énergie des débats qu'entretient la question nationale, en connaissez-vous beaucoup, vous , des pays où les gens s'intéressent à ce point à ces questions? Cela entretient une culture politique...

lundi 10 mai 2010

Festival d'été de Québec, trop de pop anglaise?


Contrairement à ce qu’affirme Le Soleil, 26% des commandites ne viennent pas du privé, mais des sociétés d’État, plus les subventions fédérales et provinciales de l’industrie et du tourisme, et un saupoudrage de la ville et Québec et de la SODEC, on est donc pas loin de 56% de financement public.

Je n’ai rien contre la présentation d’artistes anglo-allo-locaux ou d’artistes internationaux, mais je suis en train de payer pour qu’un festival offre et face la promotion de groupes commerciaux, de majors anglo-saxons, lesquels contribuent à la diffusion d’une influence hégémonique nocive (thèmes musicaux et rythmes généralement assimilables à du fast-food, hypersexualisation, hétérosexisme, violence et valorisation de l’argent).

Le FEQ est donc une drôle de poutine, dans laquelle la musique francophone semble minoritaire, ce qui ne serait pas grave si c’était pour faire de la place pour une musique tout aussi locale, mais d’ailleurs; le problème est que cette dilution se fait au profit de cette même musique dont nous sommes constamment immergées et contre laquelle nos artistes et nos institutions se battent à longueur d’année.

Il y a donc une forte contradiction entre chercher à valoriser la culture québécoise et francophone, ce pourquoi travaillent énormément d’acteurs politiques, culturels et économiques, pour soudain cesser tout simplement pour des raisons de succès commercial.

Oui avec votre billet vous donnez un coup de pouce, mais certains choix du festival encouragent une certaine aliénation : nous pourrions être la vitrine d’une culture vibrante et différente d’ici et d’ailleurs, mais en mélangeant cela au «greavy» commercial et anglophone, on permet indirectement à nos gouvernements de le subventionner.

Comprenez que l’on ne critique nullement la programmation en ce qui a trait à votre groupe allemand TRÈS ORIGINAL, ni au «No Smoking Orchestra» de Zagreb et Belgrade, mais le fait que le plus gros événement culturel et musical de Québec, si ce n’est du Québec, présente une vitrine très anglaise, très pop de la culture.

Il y a une différence entre des subventions et des commandites pour qu’un festival puisse vendre ses laisser-passer 54 $ afin d’écouter The Black Eyed Peas et les 100 000 personnes qui avaient pu écouter gratuitement BV3, un groupe local, lors du FIJM 2008, laquelle foule a ensuite alors l’occasion d’apprécier un genre de musique différent en déambulant. Le mémorable retour d’Indochine avec Coeur de pirate est une vitrine beaucoup plus représentative et valorisante si l’on cherche à promouvoir le tourisme dans Capitale nationale.

Si effet, Québec offre une programmation qui ne reflète pas le bijou de cet ilot francophone et ouvert en Amérique, en quoi pourra-t-elle se distinguer d’Ottawa, de Winnipeg , de Windsor, Edmonton ou de Calgary?

Si le succès est immédiat, cela érode notre fierté à long terme, en quoi sommes-nous si spéciaux si nous répétons ce qui se fait ailleurs?

dimanche 9 mai 2010

Pour la culture


Gilles Laplante me demandait d'expliquer ce que j'entendais par «la culture devrait échapper à cette logique marchande»

Voici ma réponse :

Il y a une question de fond à votre interrogation Monsieur Laplante, il s'agit d'un enjeu philosophique et artistique : «qu'est -ce que la culture?»

La réponse est riche, complexe, plurielle, mais surtout, la culture se distingue de l'industrie, du commerce, des échanges mercantiles de ce qu'elle n'est pas un «bien» au sens immanent, mais une richesse au sens transcendant. Goethe je crois a dit : «la culture c'est ce qui se transmet d'une génération à l'autre», on pourrait aussi penser à Hegel et se référer au «Geist».

La différence donc entre culture et industrie, c'est que le promoteur, le producteur, voient le domaine culturel comme un espace de profit potentiel, un espace comme un autre, dans lequel ils se sont spécialisés pour «faire des affaires». La qualité d'une pièce, d'un artiste, à leur yeux, c'est le potentiel en terme de rendement économique qu'il représente.

Homère, Ovide, Socrate, Platon, Pic, Erasme, Cervantès, Rabelais, Molière, Lafontaine, Bach, Mozart, nous sont connus non pas parce qu'ils fracassent un niveau de vente, mais pour leur aptitude à exprimer le «beau», et le «vrai». Ce qui nous amène à parler d'art.

La quête créatrice, l'expression artistique a pour domaine l'absolu; le commerce, lui, est assujetti à la contingence, au déterminé : il est difficile pour lui dans ce contexte de savoir dépasser les paradoxes entre infiniment universel et l'infiniment local.

Les artistes ne «vendent» pas cela, c'est impossible, ils nous demandent un soutien pour qu'ils puissent consacrer leur vie à la recherche de la forme, de l'expression des découvertes sensibles qui les font vibrer.

Cela ne veut pas dire qu'un succès artistique ne peut-être commercial, ni qu'un succès commercial ne peut être artistique...

Vouloir que la culture échappe à la logique marchande, c'est accepter qu'elle n'appartienne pas au dictat de la rentabilité. Pour qu'un génie comme Gainsbourg, Ferré, ou Baudelaire émerge, il faut peut-être une armée d'artistes qui tentent leur chance.


Donc justifier un festival (ou une autre activité culturelle) à l'aune du simple succès commercial, c'est limiter la culture et l'art à une dimension relative extrêmement réduite par rapport à leur rôle humain véritable. Dans la situation d'une nation québécoise très fragile, la culture joue un rôle prépondérant, à la fois dans notre rayonnement, que comme espace de représentation.

En limitant les occasion de jouer un rôle culturelle, nous acceptons, culturellement d'être remplacés. Et comme en tant que nation minoritaire nous sommes politiquement, économiquement et socialement constamment remplacés, parce qu'intégrés dans un système politique qui est le reflet des institutions d'un peuple majoritaire qui n'est pas le nôtre, nous avons besoin des ailes que nous procure l'épanouissement artistique et culturel (parce qu'absolu et transcendant comme je l'ai dit plus haut).

Est-ce plus clair?

Si ça ne l'est pas, voici quelques lecture : il faut d'abord lire l'excellente critique de Baudelaire, «Le peintre de la vie moderne»


Un peu de Miron ne fait pas de tort :

«Je suis sur la place publique avec les miens

la poésie n'a pas à rougir de moi

j'ai su qu'une espérance soulevait ce monde jusqu'ici.»



Il n'avait pour armes que sa voix et sa voix tonnait haut :

«je radote à l'envers je chambrale dans les portes

je fais peur avec ma voix les moignons de ma voix.»

Avec simplement cela il va «s'arracher le colonialisme de la gueule»



Vous pourrez terminer avec Wilde (dans sa préface au Portrait de Dorian Gray) et vous aurez mieux compris ce que j'entendais par mon refus de l'aliénation de l'art par le commerce.



Nous pourrons plus facilement discuter à l'aune de votre interprétation de ces textes ou de textes de votre choix.

L'Engagé

lundi 26 avril 2010

Turcot

Voici un billet assez impressionnant sur Turcot, un avant-gout?

Ça veut dire que l’échangeur que l’on veut bâtir maintenant va transformer la forme des quartiers du Sud-Ouest de Montréal jusqu’en 2070. Est-ce que l’on pourrait voir les objectifs à long terme de l’échangeur; veut-on une structure dont le seul but visé est le transport, faisant fi des titres de propriété ou du voisinage, comme le MTQ a voulu soumettre au BAPE et comme il avait fait ses travail dans les années ’60? Ou veut-on un plan qui permettrait au Sud-Ouest de pouvoir espérer faire un plan d’urbanisme prometteur, de pouvoir devenir une extension du centre-ville de Montréal et de faire prospérer le quartier? Pour moi, le projet actuel est trop limité en capacité urbanistique, n’a pas l’air d’avoir suffisament de flexibilité pour que plus tard, si l’on décide d’étendre la taille du centre-ville, on puisse lui permettre de prendre de l’expansion à l’ouest, on puisse le faire.

Pensez donc à Granville Island comme une Île Sainte-Hélène avec de vrais commerces, une activité économique diversifiée et qui utilise l’espace sous le pont pour le mettre en valeur, et non seulement pour tenir des pilliers.

Ici, on parle d’urbanisme commercial, qui a fait que Granville Island utilise un échangeur routier important pour devenir une extension du centre-ville de Vancouver. Devenir une extension du centre-ville de Montréal, ce serait une bonne idée à long terme pour le Sud-Ouest (le quartier n’est pas si loin, est près de Westmount, possède de belles habitations, le loft Impérial est déjà un exemple d’habitation urbaine dans le quartier), mais si on a un échangeur qui n’est pas conçu pour permettre des projets d’envergure dans le quartier, c’est peine perdue. En gros, il faut que l’échangeur puisse devenir une extension potentielle du centre-ville, et non une barrière qui dicte que passé ce point, vous n’êtes plus dans le centre-ville de Montréal, que vous entrez dans des terrains contaminés sans valeur et qui, finalement, sert de tampon souillé entre les belles villes de l’ouest de l’île et le centre-ville de Montréal.

Il est bon, non?

voilà un ingénieur qui a une sacrée plume!

Remarques sur le modèle québécois

L’Alberta finance carrément ses dépenses courantes en puisant dans les redevances, ce faisant elle n’a pas besoin de taxer et ses impôts sont minimaux. Cette stratégie en fait un des meilleurs endroits pour investir et dope son économie, mais entendons-nous, c’est parce qu’elle est riche en pétrole qu’elle peut y arriver.

Cette tactique est peut-être profitable à court terme, mais ce désinvestissement de l’État a des effets pervers : la hausse du dollar freine les exportations et l’industrie manufacturières des autres provinces, l’extraction intensive génères des conséquences environnementales folles, le rythme accéléré de cette province y génère une véritable surchauffe économique, facilitant une économie axée sur la satisfaction des besoins primaires en grugeant sur la nécessité d’innover (si un condo s’arrache là-bas, pourquoi se donner la peine de le faire certifié LEED ou d’investir dans l’architecture), l’absence d’intervention met la province à la merci des promoteurs et de la soif de profits à courts termes, ce qui encourage la spéculation.

Enfin, à ce qui disent que Hydro-Québec serait précisément plus performante si elle était privatisée et que nous nous en sortirions mieux au Québec avec un modèle similaire à l’Alberta, nous devons leur rappeler que l’électricité, ÇA NE SE STOCKE PAS, nous n’aurions eu qu’à arnacher les rivières et à produire tous azimut pour financer nos programmes.

Les comparaisons des critiques sont donc faussées dès le départ, il oublie de préciser que la sociale-démocratie est ce qui a permis aux francophones d ‘obtenir un plus grand contrôle de leur économie.

Enfin, il serait pertinent de rappeler que si le Québec reçoit de la péréquation, et ce, d’après le calcul réformé PAR LES CONSERVATEURS en 2007, c’est une mesure qui vise à compenser les effets du déséquilibre fiscal.

Avant de critiquer notre système provincial, il serait peut-être temps d’examiner l’incapacité du fédéral d’offrir des services pour une somme raisonnable. Les programmes fédéraux de compétences exclusives fédérales coutent un minimum de 15 à 19 milliards aux Québécois, les compétences fédérales sont ridicules en regard de la lourdeur de celles du Québec, il n’est pas normal que lesdits programmes coutent aussi chers. Les Québécois envoient 50 milliards à Ottawa, plus du tiers semble dépenser n’importe comment. Si nous bénéficions de la gestion de ces fonds, plutôt qu’en le laissant être gaspillé au fédéral, où un fonctionnaire coute plus cher, soit dit en passant, nous pourrions certainement être plus à l’aise dans notre système social-démocrate

En dernière analyse, nous recevons également une émigration de jeunes canadiens anglais écoeurés du corporatisme et de la hausse du cout de la vie et de sa marchandisation dans le ROC. Ils sont très contents de venir au Québec, un petit tour dans l’extraordinaire vitalité artistique et culturelle du «Mile-End» à Montréal vous convaincra que c’est unique au pays, mais que pour s’offrir un tel milieu, il n’y a pas trente-six façons.

La musique canadienne contribue bien plus à l’unité et au rayonnement du Canada que les sables bitumineux.

De la culture…

jeudi 22 avril 2010

Bernier censure?








Bernier se fait accuser par plusieurs de censurer son blogue,
il allègue que c'est parce que les commentaires sont partisans et irrespectueux.

Voilà la preuve manifeste qu'il ment... Comparez la deuxième capture à la sixième, vous constaterez que le message de «Castor» qui pose de bonnes questions, sur un ton correct a été éliminé. «Charles peut alors, lui, poser des questions et s'étendre, c'est curieux, non?


À d'autres occasions, il tronque les messages et les dénature, c'est une autre stratégie...


Vous n'avez qu'à comparer la troisième capture d'écran avec son billet ou avec la cinquième pour constater qu'il édite véritablement les commentaires, contrairement à ce qu'il affirme. La preuve selon laquelle il les efface simplement, bien que ces messages se conforment à son code est visible dans la comparaison entre la première capture d'écran et la quatrième, il supprime mêm les références à sa censure...

S'il se permet, avec quelque chose d'aussi trivial de mentir, j'ai la confirmation qu'il doit le faire lorsque c'est vraiment important!


Nous y reviendrons.

mardi 20 avril 2010

ébauche sur POWER

POWER est détenu par Desmarais, Desmarais n'investit ensuite que dans des entreprises dont il peut prendre le contrôle, On a souvent entretenu la rumeur que ce qui était bon pour Desmarais était bon pour le Québec. C'est d'un orgueil... Desmarais s'est hissé dans les hautes sphères du Canada Inc. en acceptant d'être le représentant minoritaire prospère, signe de la santé de la confédération. aujourd'hui, pour Desmarais,« Le Québec n'est qu'un outil ou un faire valoir permettant de se positionner au Canada et dans le monde», par l'entremise d'une kyrielle d'institutions (Fraser, Instituts économiques de Montréals, médias, chambre de commerce, politiciens )» (PHILPOT, 2008).

Desmarais peut s'acheter des politiciens : c'est un des seuls étrangers à avoir reçu la grande croix de la Légion d'Honneur françaises, figurez-vous, il est «commandeur», Celine Dion n'est, elle, que «chevalier», alors qu'elle a fait pas mal plus pour le rayonnement de la francophonie.

Sarkozy:
« Si je suis aujourd'hui président de la République, je le dois en partie aux conseils, à l'amitié et à la fidélité de Paul Desmarais [...] un homme m'a invité au Québec dans sa famille. Nous marchions de longues heures en forêt et il me disait: ''il faut que nous bâtissions une stratégie pour toi''»

où est cette famille? ici: http://acilr-cdril.com/CD_No1/A_Web/A_Web0/Everest/SheilaFraserRelation/1970_2003_PauldesmaraisCremalliere_Fr.htm

Voici le début d'une dépêche d'un article de la Presse Canadienne :

«SAGARD- L'homme derrière Power Corporation, Paul Desmarais, accueille les grands de ce monde dans son nouveau domaine de Sagard, en Charlevoix, ce week-end.

Parmi les 230 invités à cette prestigieuse pendaison de crémaillère, selon les témoins et les rumeurs, se trouvent : le premier ministre Jean Chrétien, les anciens présidents américains George Bush père et Bill Clinton, l'ancien premier ministre du Québec Lucien Bouchard, la duchesse d'York, Sarah Fergusson, le ministre fédéral Martin Cauchon et l'ex-ministre Paul Martin. Un Boeing du roi d'Espagne, Juan Carlos, était garé à l'aéroport de Bagotville après avoir transporté une autre grande personnalité.»

Desmarais cultive et entretient des relations avec des hommes politiques qu'il«récupère» quand ils sont au plus bas et qu'il «remonte». Pour avoir l'argent pour financer son réseau, Desmarais n'a pas hésité à écumer les fonds publics lorsque nécessaires pour ensuite jouer avec ses filiales pour éviter d'avoir à payer de l'impots, le tout avec la complaisance de ses amis pour ne pas que ses derniers ne touchent à ses abris : Jean Chrétien est son gendre, Paul Martin fut un employé, Charest, son protégé.

Desmarais donc se sert allègrement des fonds publics et arrive à multiplier ainsi la valeur de la Consolidated-Bathurst en utilisant le programme que Lévesque avait mis au point pour moderniser les pâtes et papiers, il refuse ensuite de s'allier à Domtar (propriété publique) en refusant d'offrir à la CDPC le prix qu'il consent d'ordinaire pour acheter une entreprise, bien que le gouvernement vienne juste de le financer, le retour des libéraux lui permet alors de garantir 25 d'approvisionnement en bois pour son entreprise, augmentant la valeur de cette dernière. L'idée d'une fusion était nécessaire pour compétitionner avec les américains. Une fois en possession d'une entreprise franchement compétitive, il la vend pour 2,6 milliards.

En dehors des journaux qu'il a acheté depuis et de quelques broutilles, il n'a JAMAIS réinvesti cet argent au Québec. Pourtant, il possède des cie d'assurance et milite activement pour privatiser les services, d'où les compagnes de dénigrement de l'État québécois qui trouvent des échos jusqu'ici. Power, c'est avant tout l'énergie, Desmarais possède des parts dans TOTAL, SUEZ, c'est lui qui est derrière le port méthanier RABASKA.

Desmarais, c'est la socialisation des pertes et la privatisation des profits. Quand des gens réclament sans savoir que c'est Desmarais qu'ils servent, je me méfie.

http://www.ababord.org/spip.php?article708

Bernier l'arrogant


L'engagé est plutôt fier d'avoir tiré l'alarme sur Bernier bien avant Le Devoir! Voici en primeur notre réaction lorsque nous avons découvert sa présentation au Mont Saint-Grégoire


Voici la réponse que notre «cher» Maxime n'a pas osé publier sur son blogue...

Monsieur Bernier,

Votre raisonnement repose sur une vision malheureusement superficielle de la situation constitutionnelle et fiscale du Canada. Comme Québécois, vous n'avez pas non plus à cautionner la vision canadienne d'un Québec bébé-gâté : un homme politique représentant de la province, a le mandat de déconstruire cette perception en pointant les mécanismes qui sont responsables de la perte d'autonomie des Québécois DANS L'ASSUJETTISSEMENT MINORITAIRE PERMANENT dans la grande majorité du Canada anglais et c'est en somme un devoir que de voir et d'exposer les effets pervers de cette situation.

Si vous ne les connaissez pas, je vous invite à écouter ce discours historique d'un fédéraliste convaincu : Bourassa.

Pour se protéger, pour s'épanouir, pour se développer, le Québec a besoin d'institutions, de structures, de lois, d'administrations différentes du reste du Canada. C'est une nation différente de la nation canadienne, une société distincte. Nous devons donc financer des programmes qui correspondent à nos aspirations propres tout en contribuant au reste du Canada. Ces charges fiscales alourdies rejoignent d'autant plus les dédoublements administratifs qu'ils plombent effectivement la marge de manoeuvre du gouvernement provincial. Cette situation n'est donc pas causée par l'incapacité ou le manque de compétitivité du Québec, mais bien par l'inadéquation du fédéral, la lourdeur et l'incompétence de son administration.

Dans tous vos discours, vous oubliez qu'une part importante des recettes du gouvernement fédéral provient du Québec, 45, 7 milliards en 2007 pour être précis (source Tableau 7
Recettes et dépenses de l'administration fédérale, Québec ), mais je tiens à vous rappeler que le gouvernement fédéral gère des POUVOIRS MINEURS si on les compare AUX GRANDES CHARGES ET RESPONSABILITÉS DU PROVINCIAL que sont SANTÉ, ÉDUCATION ET affaires municipales et travaux publics. À titre d'exemple, Québec gère l'éducation (incluant sport et loisirs) et la santé (familles et services sociaux) et les charges de ces deux programmes coutent (budget 2009-2010) 41 milliards, alors que l'ensemble de tous les autres programmes et ministères réunis coute moins de 18 milliards à la province.

La péréquation, elle, est une mesure de la constitution de 82 qui répond aux prérogatives de l'égalité des chances partout au pays, doit-on vous rappeler que le Québec n'a pas signé cette constitution? Au lieu que le Québec finance des structures couteuses des ministères et des administrations fédérales et tout en gérant ses propres programmes, il pourrait se contenter de simplement récupérer les compétences fédérales et prendre, de manière autonome le financement qui doit l'accompagner, en le prélevant à la source, sans le doublon du fédéral. Cette autonomie peut se faire dans le giron de l'union canadienne ou en tant que pays indépendant, mais vous devez admettre le FÉDÉRAL EST TROP COUTEUX. Voilà l'essence de ce fameux «what does Quebec wants»

Ce fédéral est sans doute la meilleure façon pour les Anglo-saxons (et les immigrants qui veulent se greffer à eux) du Canada d'administrer le pays, mais ce n'est pas le type d'administration qui correspond aux besoins des Québécois, pour des raisons, culturelles, linguistiques, philosophiques, environnementales ou simplement politiques: que nous le voulions ou non, nous sommes une minorité et comme Maurice Séguin l'a dit, «Vivre c'est agir» et sans autonomie, une minorité circonscrite par un système politique favorable à la majorité ne peut s'épanouir, elle est constamment menacée, LES NATIONS NE SE FONT PAS DE CADEAUX ENTRE ELLES, ET C'EST NATUREL. En tant que collectivités différentes, Québécois francophones et Canadiens anglophones ont des intérêts et des besoins différents, il est normal qu'ils cherchent les moyens de les satisfaire. La proposition de Monsieur Bernier d'une autonomie économique du Québec sans l'autonomie politique qui lui est corollaire est farfelue, nous devons disposer des leviers que seule une «majorité» est capable d'opérer. Même en envoyant plus de conservateurs (ou de libéraux) au pouvoir, le Québec serait quand même en situation de représentation minoritaire : nous ne sommes que 1 province sur 10, 20% de la population, nous n'avons pas le poids politique pour contraindre le Canada à faire les réformes qui nous seraient favorables. De toute façon, de meilleures circonstances ont indubitablement démontré que le ROC n'y consentirait pas.

J'ai dit que le fédéral était couteux, regardons de plus près : ses dépenses directes pour des programmes de compétences fédérales dépassent les 7 % du PIB (budget de 2009-2010) soit 112 milliards! Le Québec comptant pour 20% de la population, on peut estimer que c'est entre 15 et 20 milliards qui sont financés directement par la population québécoise pour des administrations et des ministères fédéraux, on ON PARLE D'UN BOUQUET DE COMPÉTENCES MINEURES (lesquelles sont mêmes sources de revenues comme l'administration des douanes et des postes) alors que Québec gère à lui seul l'éducation (chiffre de 2009-2010) avec 14,4 milliards ET TOUS LES AUTRES MINISTÈRES EXCLAUNT L'ÉDUCATION ET LA SANTÉ POUR LA MODIQUE SOMME DE 18 MILLIARDS!

Ne venez donc pas nous faire la leçon avec les 8 milliards de péréquation, lisez plutôt cet analyse tirée de L'Actualité (texte de J-F Lisée) :
«Depuis 40 ans, les Québécois ont investi collectivement, par leurs taxes et impôts fédéraux, 14 milliards de dollars dans l’industrie canadienne des hydrocarbures.

Nous avons vu hier que l’augmentation de la production pétrolière pousse à la hausse le dollar canadien et que, selon un groupe d’économistes, ce phénomène est responsable de la destruction de 55 000 emplois manufacturiers québécois entre 2002 et 2007. Et ça ne fait que commencer. Or voici comment le Québec a financé ce cercle vicieux:

Selon un calcul de la Bibliothèque du Parlement à Ottawa, de 1970 à 2000, le gouvernement canadien a investi 66 milliards de dollars dans l’industrie pétrolière et gazière canadienne. De 2000 à aujourd’hui, il faut compter au moins 4 milliards de plus, pour un total de 70. Comme le Québec contribue pour 20% aux dépenses fédérales, nous avons donc déboursé 14 milliards en quarante ans dans l’industrie de nos voisins. Une fraction de cette somme nous est revenue, dans les années 73 à 84, en réduction du prix à la pompe. Mais si nous avions investi cette somme au Québec – au hasard, dans les énergies vertes – nous aurions pu créer, chez nous, 8 300 emplois permanents (j’utilise la formule employée par la Canada West Foundation pour calculer les retombées économiques du pétrole). Et c’est donc dire que nos impôts ont créé ces emplois, mais ailleurs au Canada.

On m’objectera que je ne donne qu’une partie du portrait, car s’il est vrai qu’Ottawa a beaucoup aidé les hydrocarbures, il l’a fait aussi pour les autres énergies. Il a mis 8,5 milliards dans le nucléaire, dont 1,7 provenait du Québec, et qu’il a presque exclusivement dépensé en Ontario. Avec nos 1,7 milliards, nous aurions pu créer chez nous 1 125 autres emplois permanents. »


Et le gaspillage continue : Aujourd'hui, le lundi 10 avril, Manon Cornellier explique, dans Le Devoir, que Kevin Page, le directeur parlementaire du budget, peine à démêler les chiffres du plan de relance économique. Dans les frais de fonctionnement de 28 milliards vont en frais personnels et en salaire et un autre 26 milliards en «autres frais» qu'il voudra bien pourvoir analyser, MAIS VOTRE GOUVERNEMENT LUI REFUSE CE DROIT. IL EST IMPOSSIBLE D'EXAMINER LES RÉPARTITIONS DES DÉPENSES ET L'EFFICACITÉ DES MESURES ANNONCÉES, LES CITOYENS DE PEUVENT AVOIR L'HEURE JUSTE SUR L'ÉTAT DES FINANCES, PARCE QUE LE GOUVERNEMENT CONSERVATEUR FAIT DE L'OBSTRUCTION SYSTÉMATIQUE À CE SUJET ALORS QU'IL A ÉTÉ ÉLU EN PROMETTANT IMPUTABILITÉ ET TRANSPARENCE ET VOUS OSEZ, MAXIME BERNIER TAIRE CETTE IGNOMINIE?

-vous osez plutôt dire «Imaginez si, au lieu de débattre inutilement d’indépendance politique, on cherchait des façons de vivre selon nos moyens et de sortir de notre dépendance économique» sans savoir que l'un ne peut aller sans l'autre?
-«Il faut sortir de cette fausse alternative entre l’indépendance et le fédéralisme rentable. Il faut aussi arrêter de s’appauvrir et de s’attendre à ce que le reste du Canada vienne nous renflouer avec plus de péréquation.» Mais ne voyez-vous pas que c'est la structure politique et fiscale même du Canada qui contraint le Québec à recevoir de la péréquation?
-Avec l'appui du bloc pour redonner au Québec des compétences, le PC aurait assez de député pour précéder à la réforme que vous préconisez, ce n'est pas en ayant plus de députés du PC issus du Québec que cela sera possible, si le PC est assez ouvert à propose de la décentralisation, il n'a qu'à la commencer, mais si les autres députés sont aussi autonomistes que vous, qui refusez une quelconque affirmation politique, qui fait passer Bourassa pour un radical alors qu'il était résolument modéré, quels genres de changement obtiendrons-nous?

Comment osez-vous considérer le débat lié à l'indépendance nationale de futile? Rien ne nous empêche de mener plusieurs combats de front, vous pouvez être en désaccord, mais vous ne pouvez nier qu'il existe dans la fédération des forces qui tendent à restreindre l'épanouissement du Québec! La Sun Life qui déménage pour ne pas se franciser, la nuit des longs couteaux, le rapatriement de 82, l'échec de Meech, LE SCANDALE DES COMMANDITES, le déséquilibre fiscal et enfin les relations gouvernementales au point mort en ce moment dans les relations Québec-Ottawa, ce n'est pas des vétilles : votre gouvernement refuse d'indemniser le Québec au même titre que l'Ontario pour l'harmonisation de la TPS/TVQ, pour le verglas de 98 ALORS QUE LES QUÉBÉCOIS CONTRIBUENT AU FINANCEMENT DE L'ADMINISTRATION FÉDÉRALE.

Vous vous entêtez à nier qu'il existe un déséquilibre politique préjudiciable dans la fédération et vous pensez qu'en lançant la serviette, en embrassant le Canada de tout bord tout côté, que l'on se retrouvera précisément en situation de parité alors que nous sommes minoritaires? Ce n'est pas ça, se «prendre en mains».

Vous parlez de fierté et vous n'arrivez pas à voir dans les propos de Duceppe, la référence à Vadeboncoeur, savez-vous seulement de qui il s'agit? Avant de vous lancer en politique, avez-vous seulement lu Séguin? Vous citez l'Institut Fraser devant un public conquis sans prendre la peine de préciser l'agenda de cette organisation? Vous reprenez les chiffres alarmistes sur la dette sans les situer dans leur contexte, sans même lire Louis Gill, l'économiste, qui a exposé à toute l'intelligentsia le caractère frauduleux de la compagne de peur.

Ayez le courage de la vérité : si le Québec reçoit de la péréquation, s'il est en difficulté, c'est d'abord et avant tout parce qu'il doit payer entre 15 et 20 milliards pour des services et une administration fédérale inefficace qui gère des compétences outrageusement mineures pour les sommes astronomiques qu'elles nous coutent, sans parler des dédoublements et des salaires qui plombent les finances fédérales et ces dernières de fournir les transferts à la hauteur besoins des compétences essentielles que gèrent les provinces. Si le Canada anglais s'accommode, lui, de cette administration, c'est que les services sont plus axés sur la satisfaction de sa population, majoritaire, ce qui est normal, mais ce qui force Québec d'offrir des services distincts, précisément pour la même raison.

Comme député fédéral, commencez à promouvoir un véritable ménage de ce côté-là, la couteuse administration fédérale et les programmes éléphantesques avant de faire la leçon à un modèle québécois qui au moins, défend le bien commun.

Vous avez parfaitement le droit de faire la promotion des idées qui sont les vôtres, mais la manière et les raisonnements sont si tronqués qu'ils témoignent de lacunes importantes de votre histoire et de votre culture en tant que Québécois, permettez qu'avec ce texte je les aie les mises en lumière afin d'avertir vos lecteurs que vos solutions sont loin d'être une panacée.

Vivre c'est agir

L'Engagé