lundi 10 mai 2010

Festival d'été de Québec, trop de pop anglaise?


Contrairement à ce qu’affirme Le Soleil, 26% des commandites ne viennent pas du privé, mais des sociétés d’État, plus les subventions fédérales et provinciales de l’industrie et du tourisme, et un saupoudrage de la ville et Québec et de la SODEC, on est donc pas loin de 56% de financement public.

Je n’ai rien contre la présentation d’artistes anglo-allo-locaux ou d’artistes internationaux, mais je suis en train de payer pour qu’un festival offre et face la promotion de groupes commerciaux, de majors anglo-saxons, lesquels contribuent à la diffusion d’une influence hégémonique nocive (thèmes musicaux et rythmes généralement assimilables à du fast-food, hypersexualisation, hétérosexisme, violence et valorisation de l’argent).

Le FEQ est donc une drôle de poutine, dans laquelle la musique francophone semble minoritaire, ce qui ne serait pas grave si c’était pour faire de la place pour une musique tout aussi locale, mais d’ailleurs; le problème est que cette dilution se fait au profit de cette même musique dont nous sommes constamment immergées et contre laquelle nos artistes et nos institutions se battent à longueur d’année.

Il y a donc une forte contradiction entre chercher à valoriser la culture québécoise et francophone, ce pourquoi travaillent énormément d’acteurs politiques, culturels et économiques, pour soudain cesser tout simplement pour des raisons de succès commercial.

Oui avec votre billet vous donnez un coup de pouce, mais certains choix du festival encouragent une certaine aliénation : nous pourrions être la vitrine d’une culture vibrante et différente d’ici et d’ailleurs, mais en mélangeant cela au «greavy» commercial et anglophone, on permet indirectement à nos gouvernements de le subventionner.

Comprenez que l’on ne critique nullement la programmation en ce qui a trait à votre groupe allemand TRÈS ORIGINAL, ni au «No Smoking Orchestra» de Zagreb et Belgrade, mais le fait que le plus gros événement culturel et musical de Québec, si ce n’est du Québec, présente une vitrine très anglaise, très pop de la culture.

Il y a une différence entre des subventions et des commandites pour qu’un festival puisse vendre ses laisser-passer 54 $ afin d’écouter The Black Eyed Peas et les 100 000 personnes qui avaient pu écouter gratuitement BV3, un groupe local, lors du FIJM 2008, laquelle foule a ensuite alors l’occasion d’apprécier un genre de musique différent en déambulant. Le mémorable retour d’Indochine avec Coeur de pirate est une vitrine beaucoup plus représentative et valorisante si l’on cherche à promouvoir le tourisme dans Capitale nationale.

Si effet, Québec offre une programmation qui ne reflète pas le bijou de cet ilot francophone et ouvert en Amérique, en quoi pourra-t-elle se distinguer d’Ottawa, de Winnipeg , de Windsor, Edmonton ou de Calgary?

Si le succès est immédiat, cela érode notre fierté à long terme, en quoi sommes-nous si spéciaux si nous répétons ce qui se fait ailleurs?

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